Personne ne connaît vraiment qui est Rachid Nekkaz mais tout le monde sait maintenant, grâce à lui, qu'on peut vraiment rigoler à l'approche d'une élection présidentielle. On sait aussi que le bonhomme a une boule de superstar et à ce titre, il a signé des autographes à des étudiantes qui ne se sont pas trop posé de questions sur son programme ou son parcours. Depuis mardi soir, quelques heures avant le deadline du Conseil constitutionnel pour le dépôt des dossiers de candidature, on sait qu'il avait une Peugeot 308 de couleur grise. Ils ne devaient pas être très nombreux à l'avoir vu, ce véhicule. Et sans doute personne ne le verra à l'avenir. C'est très sérieux, une Peugeot 308 qui disparaît avec les formulaires de signature d'un prétendant à la présidence de la République, même si on en rit volontiers. On ne peut pas la revoir parce que c'est le genre d'engin qui ne disparaît pas pour revenir. Trois hypothèses se présentent en la circonstance. La première, on ne peut pas spéculer là-dessus mais c'est la plus largement admise dans le monde fabuleux de la Toile, est que c'est M. Nekkaz lui-même qui a fait disparaître la «caisse». Le scénario est simple pour les mauvaises langues : faute d'avoir réuni les signatures légalement exigées, le playboy-candidat aurait donc monté une mise en scène qui lui permettrait de sauver la face et pourquoi pas, rebondir politiquement par la victimisation. Le scénario est plausible, du moins techniquement. Tous les candidats, jusque-là, se sont présentés au Conseil constitutionnel avec leurs «cartons», il est le seul à se pointer au bureau de M. Medelci pour attendre l'arrivée du véhicule transportant les précieux documents. Le fait que ce soit son frère qui est censé ramener ces documents a ajouté une couche à la suspicion. La deuxième hypothèse est que M. Nekkaz soit réellement victime d'un complot visant à le mettre hors compétition. Dans l'absolu, c'est tout de même trop gros pour être vraisemblable. S'il y avait une partie capable d'une telle méthode, tout le monde admettra que M. Nekkaz n'est pas vraiment le candidat qui l'aurait dérangée au point d'y recourir. Cette hypothèse, même si on la dit farfelue, a tout de même recueilli quelques «suffrages» parmi ceux qui, nombreux, partent du principe que «le pouvoir est capable de tout» pour n'en rater aucune pour se donner raison. Et ils ont rarement tort ! Pour le reste, ceux qui se posent des questions, ils en riront au coin de la lèvre, sur le ton de ceux à qui «on ne la fait pas». La dernière, enfin, est que M. Nekkaz - pas le candidat mais son frère - a été empêché d'acheminer les formulaires au siège du Conseil constitutionnel par un incident technique. Après tout, un accident de la circulation, une panne mécanique ou une erreur d'itinéraire, ça peut arriver à tout le monde. Même au frère d'un candidat à la candidature à l'élection présidentielle qui transporte les formulaires de signature. Le problème est qu'apparemment, le frère Nekkaz n'est jamais arrivé à bon port, qu'à partir d'un certain moment il est devenu injoignable et que même après l'heure de prolongation accordée par le Conseil constitutionnel, on n'a rien vu venir. De toute façon, c'est trop tard maintenant. Même si on peut toujours retrouver la 308 dans un ravin, sur la bande d'arrêt d'urgence de l'autoroute, sur le bas-côté d'un chemin de campagne ou dans un garage. D'ici là, on aura quand même rigolé un bon coup. Ça sert aussi à ça, les élections, non ? [email protected]