Lors d'une rencontre économique réunissant le patronat et Abdelmalek Sellal, directeur de campagne du candidat indépendant, Abdelaziz Bouteflika, les grandes lignes du programme présidentiel ont été annoncées. «Nous avons les capacités pour devenir un pays émergent», a déclaré hier à Alger Sellal qui refuse «la haine, le mal et la défiance». De nouvelles souplesses pour les entreprises, révision du code des investissements, allègement des procédures bureaucratiques sont autant de projets annoncés pour le prochain quinquennat 2015-2019, si le président sortant est réélu pour un nouveau mandat. S'inscrivant dans la continuité des précédents programmes, le prochain programme quinquennal portera aussi sur «le renforcement de l'industrie nationale pour porter l'Algérie au rang des pays émergents et modernes». S'adressant aux représentants des différentes organisations patronales conviés à la rencontre organisée par le Forum des chefs d'entreprise, Sellal a parlé des grandes lignes du programme du président sortant qui porte dans son volet économique de nouvelles mesures pour encourager davantage les entreprises algériennes, qu'elles soient publiques ou privées. «La tendance actuelle est excellente», a-t-il dit, voulant pour preuve le nombre élevé d'entreprises étrangères soumissionnaires au récent appel d'offres de Sonatrach. Du nouveau pour l'investissement «Nous allons continuer de faciliter l'acte d'investir», a-t-il promis, affichant une détermination pour préserver les acquis sociaux. «La rente doit profiter à tous», a-t-il soutenu. Sellal a indiqué que les entreprises représentent l'essentiel de l'économie nationale et son orientation économique, voire politique. «Sans une économie forte et efficace, il n'est pas possible de parler d'un front interne fort.» Mais, nuance le directeur de campagne, «le développement économique dépend de la stabilité du pays, entourée de sept frontières au «clignotant rouge». Seule la stabilité permettrait, selon lui, de «préserver l'Etat algérien». Sellal, qui a improvisé son discours, a souligné aussi que le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, candidat indépendant à l'élection présidentielle, est «le garant de la stabilité». M. Bouteflika, ajoute-t-il, «a sacrifié sa vie pour servir l'Algérie qui a regagné sa stabilité, réalisé des progrès économiques et réussi à revenir sur la scène internationale». Il dressa, dans ce contexte, un bref bilan des réalisations économiques durant les trois mandats de Abdelaziz Bouteflika, citant entre autres la réalisation des infrastructures de base, le remboursement de la dette extérieure, la hausse des crédits à l'économie qui se sont multipliés à près de neuf fois entre 2000 et 2013 (passant de 291 milliards DA à 2732 milliards DA), l'augmentation du taux de croissance hors hydrocarbures qui est passé à 7% en 2013, en plus de 92 universités. «L'Algérie est devenu un créditeur net du marché financier mondial», a-t-il relevé. Des résultats permettant de confirmer que le pays est sur «la bonne tendance», à conforter et à poursuivre dans les prochaines années à travers notamment la valorisation de la ressource humaine et la formation. Après avoir «raté des fenêtres du développement, le pays doit s'orienter à l'avenir vers le développement de la nanotechnologie et la pétrochimie, la production de gaz de schiste, la création de start-up». Les entreprises ont bénéficié de plusieurs mesures telles que les allègements dans l'attribution des marchés publics à travers le rétablissement du gré à gré. «Certes, nous avons vécu une dictature bureaucratique à plusieurs têtes», a-t-il reconnu, admettant «la difficulté de changer les mentalités et le mode de gestion actuel». «Il est difficile de changer les mentalités car ça touche à de multiples intérêts», a-t-il confié. La rencontre d'hier avait pour objectif de débattre des perspectives économiques qui s'offrent au pays mais a servi aussi de tribune pour les organisations patronales de renouveler leur soutien à Abdelaziz Bouteflika pour briguer un 4e mandat. Le satisfecit mitigé du patronat Tout en plaidant pour un développement économique intelligent, Réda Hamiani, président du FCE, a indiqué que «le patronat est impliqué dans la création des richesses». «L'Algérie a besoin de sortir du piège des hydrocarbures» et, par la même, créer un modèle social qui profite à la population. Le patron du FCE a brossé un tableau «positif» concernant les différentes dispositions et décisions prises depuis la nomination de Abdelmalek Sellal, en septembre 2012, à la tête du gouvernement et a cité entre autres mesures économiques prises pour booster l'économie, la décision de réaliser 42 zones industrielles, le rétablissement de la remise documentaire, les allègements pour l'ouverture d'un compte bancaire. Cependant, déplore-t-il, «peu de mesures ont été mises en œuvre. Le gouvernement n'a pas assuré le suivi de l'application des mesures décidées». Pour le patron du FCE, «le diable est dans l'application et les modes opératoires». Les échos qui parviennent au forum de la part des entreprises ne sont pas favorables en raison de l'absence d'améliorations sur le terrain. «Les entreprises restent confrontées à la machine bureaucratique», a-t-il appuyé. Sellal promettra de «détricoter» la bureaucratie à l'avenir, mais il faudra du temps pour y arriver, demandant de faire confiance aux institutions de l'Etat. Et de conclure : «Oui pour la stabilité et la croissance.»