La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, seule candidate à l'élection présidentielle 2014, a considéré hier que son parti offre une alternative pour le peuple algérien. Invitée hier à une émission de Dzaïr TV à diffuser ce soir, Mme Hanoune a réclamé à l'Etat de réunir les garanties suffisantes et les bonnes conditions pour des élections transparentes, libres et crédibles. «S'il y a des tentatives de falsification des résultats, nous allons déboucher sur l'anarchie du printemps arabe», a-t-elle averti. Elle dénoncera au passage les pratiques de certaines administrations accusées de mener une campagne pour un candidat moyennant des promesses pour des postes de responsabilité au sein de l'administration. Des pratiques qu'elle refusera avant de réclamer la partialité de l'administration dans le déroulement de la campagne électorale qui sera lancée dimanche. «Certaines parties essayent de faire croire qu'il y a deux pôles opposés pour le prochain scrutin», a-t-elle noté. Or, il s'agit d'une polarité «créée par certains médias alimentés par le pouvoir de l'argent». Comme lors de l'annonce de sa candidature au prochain scrutin, Mme Hanoune a considéré que ce rendez-vous «est un examen historique et décisif pour la nation», surtout que le pays vit une situation fragile en raison principalement de problèmes sociaux. Son parti œuvre pour le changement du régime et non des personnes uniquement et plaide pour instaurer «la souveraineté populaire». La campagne électorale sera lancée à partir de Annaba Refusant la répression des libertés de rassemblement et d'expression, elle a estimé que le mouvement Barakat qui s'oppose à un quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika a le droit de manifester, bien qu'elle affiche son opposition à son action. Elle explique que le Président a le droit de se présenter, car c'est un droit constitutionnel, tout comme ces manifestants qui ont le droit de se rassembler, comme le prévoit la Constitution aussi. «Un droit constitutionnel ne peut être utilisé pour entraver un autre droit constitutionnel, sinon il s'agirait d'une déviation», a-t-elle insisté. Louisa Hanoune lancera, par ailleurs, sa campagne pour la présidentielle à partir de Annaba, wilaya abritant le complexe sidérurgique d'El Hadjar renationalisé en 2013. Cette renationalisation symbolise la lutte des travailleurs et celle du PT qui a longtemps revendiqué le rachat par l'Etat de ce complexe, après l'échec du partenariat avec le géant mondial ArcelorMittal. Le PT défend mordicus un secteur public fort, surtout que l'Etat dispose des moyens pour son développement. Selon Mme Hanoune, le secteur privé ne peut remplacer secteur public, qui a régressé depuis plusieurs années. Les principes défendus par le PT sont, en partie, pris en considération par l'Etat, s'est-elle réjouie, saluant à l'occasion la décision de l'Etat d'appliquer le droit de préemption sur les entreprises cédées à des investisseurs étrangers et l'instauration, en 2009, de la règle 49/51 régissant les investissements étrangers. Depuis 2009, une centaine de propositions du PT dans le domaine économique ont été refusées par l'APN mais prises en considération par le président de la République. Le PT tient, en effet, à la protection de la propriété collective et à un secteur privé productif, comme il est favorable à l'exploitation du gaz de schiste. Qualifiant le processus d'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de «suicide», la candidate a réitéré sa demande pour le gel de l'accord d'association avec l'Union Européenne (UE) et de prévoir dans la prochaine Constitution la protection de la compagnie nationale d'hydrocarbures Sonatrach. La population de Ghardaïa est une victime Sur le plan politique, la SG dira qu'elle œuvre pour «des solutions nationales». La seule femme à la course présidentielle est convaincue aussi que l'Algérie n'a pas besoin de période transitoire car elle l'a déjà vécue avec la fin du règne du parti unique et l'avènement du pluralisme politique en 1988. Son parti, qui tient au socialisme, se prononce en faveur de l'avènement de la IIe République après le scrutin du 17 avril. Mme Hanoune a parlé des principes de son parti qui constituent aussi les grandes lignes de son programme présidentiel. Dans son volet politique, il est proposé notamment «la possibilité de destituer le président de la République». Des réformes globales dans les domaines politiques et intentionnels doivent être engagées, en dépit de la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice, l'officialisation de tamazight comme deuxième langue nationale, la légalité des droits entre les hommes et les femmes sont parmi les grandes lignes du programme. A une question sur les dérapages à Ghardaïa, elle a accusé des ONG étrangères qui tentent de manipuler cette région, qui compte des réserves en hydrocarbures et constitue la porte du Sud et qui est traversée également par des pipelines de pétrole. La population de Ghardaïa, dans ses deux parties mozabite et arabe, est une victime. Mme Hanoune est convaincue qu'il s'agit de tentatives de parties étrangères pour créer un printemps arabe en Algérie à partir de Ghardaïa où la situation sociale est des plus fragiles. La pauvreté, la promiscuité, l'exclusion peuvent constituer un vivier pour l'amplification de la crise dans cette wilaya, a-t-elle averti.