Comme à chaque veille d'élection, le FIS-dissous tente un retour sur la scène politique. Un retour avec la tentative de candidature de dirigeants de ce parti dissous ou, au pire des cas, en investissant sur un des candidats retenus. L'élection présidentielle du 17 avril 2014 est loin de désintéresser l'ex-FIS. Du moins certains de ses ex-dirigeants et en particulier le plus acharné d'entre eux, Ali Benhadj. Ce dernier, qui a tenté, sans réussir, de se porter candidat à cette élection, mise sur l'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, qui, en quête d'un large électorat, et tenant, coûte que coûte, à devenir le futur président de la République, a accepté de s'allier au numéro deux du Front islamique du salut dissous, même si ce dernier a toujours refusé de condamner le terrorisme qui a fait 200 000 morts en Algérie. Le candidat Ali Benflis aurait même promis aux militants de l'ex-FIS de «réhabiliter» leur parti. Le candidat Ali Benflis a, selon les aveux de Ali Benhadj, rencontré Ali Djeddi et Kamel Guemazi, deux autres cadres de ce parti dissous. On ne connaît pas encore le «deal» passé entre Ali Benflis et le FIS-dissous à l'origine de l'avènement du terrorisme en Algérie. Ali Benflis, qui accueille avec enthousiasme l'intérêt porté à sa candidature par la mouvance radicale de l'ex-FIS, et qui se soucie, donc, peu des ressentiments qui peuvent être éprouvés par les victimes du Groupe islamique armé (GIA) et du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) devenu Al Qaïda au Maghreb islamique, s'intéresse à l'électorat que cette «sympathie» peut lui attirer et, éventuellement, le propulser au siège de la présidence de la République. Deux rôles à jouer A noter, cependant, que le Front islamique du salut dissous tient à jouer sur deux cordes pour cette élection. En effet, tandis que des membres fondateurs de l'ex-FIS rencontrent Ali Benflis en vue d'un «deal», le numéro deux du même parti dissous se rend à la salle Harcha pour se joindre aux boycotteurs de l'élection présidentielle, dont Saïd Sadi et Ali Yahia Abdenour, ses «ennemis» d'hier devenus ses «alliés» aujourd'hui. Pourtant, ni Ali Benhadj ne s'est démocratisé ni Saïd Sadi ne s'est «islamisé». C'est ainsi que des militants du FIS-dissous ont été aperçus à la salle Harcha scandant des slogans favorables au retour de leur parti sur la scène politique, oubliant par moments l'ordre du jour de ce rassemblement, à savoir l'appel au boycott. Ali Benhadj, qui se joint à cette action, se contredit en déclarant aux médias que «le FIS tenait d'une manière persistante à donner son appui au projet capable d'apporter des solutions politiques radicales (…)». Boycotte-t-il cette élection ou soutient-il l'un des candidats à ce même suffrage ? Le numéro deux de l'ex-FIS, qui pratiquait le chantage terroriste sur l'Algérie dans les années 1990, cherche, aujourd'hui, à faire monter les enchères, tentant d'obtenir les larges concessions possibles en faveur de son parti dissous. La différence, cette fois, avec les années 1990, est que le FIS-dissous n'a plus les moyens d'exercer du chantage via son bras armé (GIA, GSPC,…), aujourd'hui presque totalement anéanti par l'Armée nationale populaire (ANP) et les services de sécurité. Un chantage, rappelle-t-on, effectué, dans les années 1990, à coups d'attentats et de massacres, et encouragé par Ali Benhadj depuis sa prison militaire dans une lettre retrouvée, rappelle-t-on encore, sur le corps de Gousmi Chérif, «émir» national du Groupe islamiste armé à l'époque. A noter l'existence d'une division au sein du parti dissous après que Ali Benhadj eut réfuté, dans une déclaration faite à la presse, le droit à El Hachemi Sahnouni, Merani et Rabah Kebir de parler au nom du FIS-dissous. Une sorte de «guéguerre» qui renseigne sur la bataille des intérêts au sein du Front islamique du salut dissous.