Cinq personnes, dont une journaliste en reportage, ont trouvé la mort au Caire dans des heurts ayant opposé vendredi la police à des partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi. Des manifestants défilaient dans plusieurs villes d'Egypte pour dénoncer la candidature de l'ex-chef de l'armée, Abdel Fattah al-Sissi, à la présidentielle. Le journal privé Al-Doustour a confirmé la mort de sa collaboratrice Mayada Achraf alors qu'elle couvrait une manifestation dans le quartier de Aïn Chams, au nord de la capitale. Elle a été tuée par balle, a indiqué un responsable de sécurité, ajoutant que trois autres personnes avaient péri et dix blessées lors du même rassemblement. Un porte-parole du ministère de l'Intérieur a accusé les partisans de M. Morsi d'être responsables des morts. Dans son dernier article publié vendredi sur le site d'Al-Doustour, Mayada Achraf affirmait que des combats à balles réelles opposaient des pro-Morsi à des civils qui leur étaient hostiles. La police est ensuite intervenue, et c'est à ce moment que Mme Achraf a été séparée d'un de ses confrères, Mohamed Rabié, qui a ensuite tenté de la joindre au téléphone. «C'est un manifestant qui m'a répondu et qui m'a dit qu'elle était morte», a expliqué M. Rabié qui a retrouvé plus tard le corps de la journaliste dans une mosquée où des islamistes l'avaient transporté. Un porte-parole du ministère de l'Intérieur a accusé les partisans de M. Morsi d'être responsables des morts, tandis qu'un responsable au sein du ministère de la Santé, Khaled al-Khatib, a fait état de son côté de 19 blessés dans l'ensemble du pays, dont 15 au Caire et quatre dans la province de Damiette (nord). Avant la mort de cette femme en reportage, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) avait affirmé que neuf journalistes avaient été tués en Egypte depuis le soulèvement qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir, début 2011. Vendredi, dans la banlieue populaire de Helwan, au Caire, et dans la province de Fayoum, au sud-ouest de la capitale, des manifestants pro-Morsi ont tiré à la chevrotine et la police a riposté avec des gaz lacrymogènes, a rapporté l'agence officielle Mena. A Helwan, mais aussi dans les quartiers de Madinet Nasr et Gizeh, les forces de sécurité ont aussi dispersé des dizaines de partisans de Mohamed Morsi qui bloquaient les routes. A Alexandrie, sur la côte méditerranéenne, d'autres manifestants islamistes ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes tandis que des partisans d'Abdel Fattah al-Sissi célébraient sa candidature. La célèbre place Tahrir, au Caire, a aussi été le théâtre d'une manifestation de soutien au candidat à la présidentielle.