Le recours aux stimulants chimiques pour améliorer ses performances, le sport algérien s'en consolerait presque. C'est que la pratique se vérifie tellement sur le terrain qu'elle confine à l'évidence : le dopage, du moins dans ses réseaux expansifs organisés, est l'apanage du haut niveau. Une marche sur laquelle le sport algérien est encore loin de mettrele pied. Signe caractéristique de confirmation : l'un des rares athlètes algériens à être parvenu à ce palier a été contrôlé positif. Ali Saïdi-Sief en a bu le calice jusqu'à la lie en compromettant, pour rester tièdes dans le terme, une carrière qui était loin d'être finie. Pourtant, ce n'est pas la moralité qui «étrangle» dans le monde des premiers paliers de la compétition sportive. Apparemment, c'est le «marché» qui n'est pas porteur. Les «pharmaciens», pour puiser dans le jargon du milieu, ne sont pas comme les restaurateurs : ils n'ont jamais songé à compenser par la quantité ce qu'ils perdent quand la clientèle de la qualité donne des signes de déclin. La formule n'est pas valable dans un business qui ne frappe qu'à la tête. D'abord parce que personne ne semble oublier que le dopage est interdit (eh, oui !), ensuite parce qu'il n'y a rien à glaner chez des sportifs qui ont déjà du mal à réunir les moyens les plus élémentaires de leur préparation. Le dopage est un luxe trop cher pour traîner chez les pauvres. Trop compromettant aussi pour se constituer en réseaux d'envergure. En Algérie, même si le risque de se faire attraper n'est pas très élevé au vu des faibles moyens de dépistage et de la dérisoire fréquence des contrôles, la pratique se confine dans «l'acte isolé». On cible, on tire et va voir ailleurs. Et puis, il y a le niveau «industriel» de la pharmacologie dopante. Dans le sport de haut niveau mondial, c'est de véritables usines de la tricherie qu'il s'agit. Enfin, le fait que les spécialités sportives les plus «culturellement» touchées n'ont jamais connu la popularité qui leur aurait permis de susciter l'intérêt des «investisseurs». Le cyclisme, la plaie béante du dopage mondial, est quasiment inexistant, et l'athlétisme, après avoir montré de grandes disponibilités dans le haut niveau, est en train de retourner au ras des pâquerettes. Reste le foot, bien sûr. Les enjeux financiers y sont tellement importants que ce sport ne peut pas logiquement être épargné par un fléau en mal d'espace d'action. Le tableau, s'il n'est pas alarmant, ne permet pas pour autant de dormir sur les deux oreilles. Le dopage est une affaire trop dangereuse pour que les institutions en charge du sport baissent la garde. Dangereuse pour le sport, dangereuse pour la santé et dangereuse tout court.