José Mourinho revient, Madrid s'enflamme à nouveau: près d'un an après son départ du Real sous les sifflets et son rebond à Chelsea, l'entraîneur portugais retrouve la capitale espagnole mardi avec une bouillante demi-finale aller de Ligue des champions contre l'Atletico (18h45 GMT). Et plus qu'un retour, c'est une revanche que le Portugais attend. Une revanche sur cette ville dans laquelle il déchaîne les passions, et une revanche sur l'"Atleti", qui avait battu le Real en finale de la Coupe du Roi en mai 2013 (2-1 a.p.), privant "Mou" d'un dernier trophée avant son départ. Quelques jours après cette finale perdue, Mourinho avait remporté pour l'honneur son ultime match sur le banc merengue contre Osasuna (4-2) en Liga. Applaudi par les ultras, il avait été globalement sifflé par le stade Bernabeu. "La fracture de +Mou+", titrait le quotidien espagnol Marca le lendemain, symbole de cette relation d'amour-haine entre le technicien et la capitale espagnole. De fait, le bilan de ses trois saisons au Real (2010-2013) est assez décevant. Même s'il a remporté un titre de champion d'Espagne en 2012, une Coupe du Roi et une Supercoupe d'Espagne, le Portugais a surtout échoué dans sa mission de ramener enfin la "Decima", la dixième C1 de l'histoire du Real. Au terme d'une ultime saison sans titre majeur, José Mourinho a quitté l'Espagne l'été dernier, en froid avec plusieurs joueurs de l'effectif et en conflit avec la presse espagnole. Beaucoup de socios et de supporteurs reprochaient son ego et son caractère volcanique au Portugais qui attirait souvent toute la lumière au détriment d'un club fier de son histoire et de ses traditions. Mourinho n'a jamais reparlé de Madrid depuis son retour à Chelsea. "Evidemment que j'aime être là où les gens m'aiment, déclarait-il y a un an. En Angleterre, c'est le cas. En Espagne, c'est un peu différent parce que certaines personnes -et notamment dans la presse- me détestent." L'Atletico le déteste, Simeone l'admire Revenu à Stamford Bridge, où il est idolâtré, le Portugais semble avoir retrouvé toute son aura, d'autant plus après la qualification arrachée face au Paris SG en quarts (1-3, 2-0). Avec les Blues, "Mou" reste en lice pour soulever une troisième C1 avec un troisième club différent, après Porto (2004) et l'Inter Milan (2010). Et il s'apprête à dépasser mardi Sir Alex Ferguson avec une huitième demi-finale de Ligue des champions, soit une de plus que l'emblématique Ecossais. Avec le Real, José Mourinho a buté à trois reprises sur le dernier carré. Quel plus beau coup d'éclat que de gagner mardi à Madrid pour narguer la "Maison blanche", se venger de l'Atletico et tenter d'atteindre à nouveau la finale ? Le Portugais sait néanmoins qu'il devra affronter l'ambiance hostile du stade Vicente-Calderon, qui honnit tout ce qui touche au Real et a dédié à l'ex-entraîneur merengue un chant sans équivoque: "Mourinho, meurs". Parmi les "Colchoneros", il est néanmoins un homme qui apprécie le charismatique technicien: c'est son homologue de l'Atletico Diego Simeone. "J'aimais beaucoup le Real de Mourinho, énormément. C'était une équipe réaliste, rapide, ayant les idées claires", a expliqué l'Argentin il y a quelques semaines. Le portrait-craché de l'Atletico de Simeone, en somme. Et surtout celui du Chelsea de Mourinho, qui rêve d'offrir un retour en fanfare à son "Special One".