L'Atlético Madrid a beau disputer sa première demi-finale de Ligue des champions depuis 40 ans, il devrait être en terrain connu mardi au stade Vicente-Calderon pour se mesurer à son double anglais, Chelsea, conduit par l'ex-entraîneur du Real José Mourinho. Partie d'échecs en perspective ! Entre le meneur d'hommes Diego Simeone et le maître tacticien José Mourinho, le duel s'annonce serré. Sur le papier, les deux équipes affichent des caractéristiques similaires : deux entraîneurs charismatiques, deux collectifs accrocheurs et la meilleure défense d'Espagne (22 buts encaissés) face à la meilleure défense d'Angleterre (26). Sur la pelouse, on risque donc d'assister à une opposition entre blocs, faite d'intensité défensive, de rapidité en attaque et de coups de pied arrêtés. Par leur sens du sacrifice, les «Rojiblancos» ont muselé le FC Barcelone pour atteindre le dernier carré (1-1, 1-0), tandis que, pour se qualifier, les Blues ont réussi comme aucun autre adversaire cette saison à minimiser l'emprise du Paris SG sur le jeu (1-3, 2-0). En C1, l'expérience est du côté de Chelsea, sacré en 2012, et de Mourinho, double vainqueur de la compétition (2004, 2010). L'Atlético, pour sa part, n'avait plus atteint le dernier carré depuis 1974 et son entraîneur Simeone a surtout brillé en Europa League, qu'il a remportée en 2012 sur le banc «colchonero» avant de gagner la Supercoupe d'Europe face à... Chelsea (4-1). Atlético Madrid : Courtois - Juanfran, Miranda, Godin, Filipe Luis - Raul Garcia (ou Arda Turan), Gabi, Tiago, Koke - Villa, Diego Costa. Entraîneur : Diego Simeone Chelsea : Cech - Azpilicueta, Cahill, Terry, A. Cole - Ramires, David Luiz - Schurrle, Oscar, Willian - Torres (ou Ba). Entraîneur : José Mourinho Arbitre : Jonas Eriksson (SWE) La confiance Simeone : «Nous dépendons de nous-mêmes» «L'Atlético et Chelsea ne sont pas pareils mais ils ont des caractéristiques similaires : leur défense est la meilleure du championnat anglais, la nôtre du championnat espagnol. Nous sommes respectueux de l'adversaire mais nous dépendons de nous-mêmes. Nous connaissons nos qualités et nos défauts. Et il y a en face un entraîneur (José Mourinho, ndlr) qui sait très bien gérer ce genre de situations. Ce sont les demi-finales, donc je m'attends à un match serré, qui se jouera sur les détails, la qualité individuelle des joueurs et le travail en équipe. L'équipe qui travaillera le mieux et mettra le plus en valeur les qualités individuelles sera dans une meilleure situation dans le jeu et plus proche de gagner (...). L'Atletico a progressé et continue de progresser match après match. Il y a peut-être des équipes qui ont de meilleurs joueurs que nous, mais il y en a peu qui ont la même passion et le même enthousiasme que nous». La ruse Mourinho : «Nous sommes prêts à tout» «Je ne suis pas ici pour commenter avec vous les qualités de l'Atlético. Je l'ai fait avec mes joueurs hier et aujourd'hui, je le ferai demain (mardi). Nous les étudions, nous les analysons mais je ne suis pas disposé à partager avec vous ma vision et mon sentiment. Personne ne peut être en demie de C1 sans être une grande équipe, donc l'Atlético est une grande équipe. J'ai vu beaucoup de ses matches, surtout depuis le tirage. Je ne dis pas que Fernando Torres sera forcément titulaire. Mais c'est un grand pro qui ne se cache jamais. Il est un énorme fan de l'Atlético mais je sais que chaque minute qu'il jouera pour nous contre eux, il voudra gagner pour que Chelsea aille en finale. Malgré deux échecs en demies avec Chelsea, je n'ai pas trop de pression. La première avait été perdue aux tirs au but, la deuxième sur un but inexistant. C'est le football». Les retrouvailles Un spécial pour Courtois et Torres Un match particulier pour l'attaquant de Chelsea Fernando Torres, ancien prodige de l'Atlético, ainsi que pour le gardien belge Thibaut Courtois, prêté par le club londonien mais autorisé par l'UEFA à jouer mardi malgré une clause prévue dans son contrat. Mourinho est furieux contre l'UEFA d'avoir autorisé l'excellent Courtois à jouer contre son club propriétaire et il enrage aussi que Chelsea n'ait pas pu jouer vendredi soir en championnat, comme l'Atlético, ce qui a supposé un jour de repos en moins. «Courtois est dans le même état d'esprit que tous les autres joueurs : un grand enthousiasme. Toute l'équipe a fait un très grand effort et il y a désormais une attente. Il faut faire notre maximum à tous les niveaux, joueurs, encadrement, supporters... Quant à Torres, c'est un garçon qui aime beaucoup ce club (l'Atlético, ndlr) et qui a toujours une pensée pour les gens d'ici. Il jouera sûrement demain et le public cessera de l'applaudir dès le coup de sifflet de l'arbitre, ce qui est normal, c'est la compétition. Mais je suis sûr qu'il recevra ensuite une ovation comme il le mérite, il est vraiment aimé ici», a déclaré l'entraîneur de l'Atlético, Diego Simeone à ce sujet. L'effectif Avec Hazard et sans Eto'o Ils sont vingt. Vingt joueurs de Chelsea à s'être envolés hier après-midi en direction de Madrid, en cette veille de demi-finale aller de Ligue des champions contre l'Atlético Madrid. La grosse information du groupe est l'absence de Samuel Eto'o. Le Camerounais n'a pas été retenu à cause d'une petite gêne à un genou. Branislav Ivanovic ne fait pas non plus partie du voyage puisqu'il est suspendu pour ce match après avoir écopé de trois cartons jaunes dans la compétition. Malgré sa blessure lors du quart de finale retour de Ligue des champions face au PSG, Eden Hazard est bien là. Il reste cependant incertain pour le match et n'a pas participé au premier entraînement de la semaine. Petr Cech, qui avait loupé le match face à Sunderland ce week-end, réintègre lui aussi l'effectif. Nemanja Matic et Mohamed Salah ne sont, quant à eux, pas qualifiés pour jouer la Ligue des champions cette année avec Chelsea. L'atout Le «chaudron» Calderon En espagnol, «calderon» signifie «gros chaudron», et c'est dire si le stade de l'Atlético Madrid est bien nommé : le Vicente-Calderon est probablement l'une des enceintes les plus bouillantes de Liga et l'AC Milan puis le Barça y ont passé un très mauvais moment. «Il faut profiter de la force du Calderon, cette ambiance si spéciale qui nous aide beaucoup», souligne le milieu brésilien Diego. Cette atmosphère brûlante, José Mourinho la connaît bien, puisqu'en trois ans sur le banc du Real Madrid (2010-2013) il a affronté l'Atlético à neuf reprises, pour huit victoires et une seule défaite. Cet unique revers s'est produit en finale de la Coupe du Roi il y a un an. La stat L'«Atléti» ne perd jamais chez lui La demi-finale aller de Ligue des champions entre l'Atlético Madrid et Chelsea se jouera ce soir au Vicente-Calderon de Madrid, une véritable forteresse cette saison que les hommes de Mourinho devront faire chuter. La tâche s'annonce ardue pour les Blues, puisque As rapporte qu'en neuf rencontres à domicile face à des clubs anglais, les Colchoneros affichent l'impressionnant bilan de cinq victoires et quatre nuls. De quoi faire trembler la bande à Eden Hazard. En revanche, les Blues sont à deux matches d'une possible finale de Ligue des champions. Comme en 2012 lors de l'année de leur premier sacre européen, les Londoniens vont affronter une équipe espagnole à ce niveau de la compétition. Mais cette fois, les hommes de José Mourinho partent avec le statut de favoris. L'ambiance Retour en terre hostile pour José Mourinho José Mourinho est de retour dans une ville qui l'a tour à tour aimé, critiqué puis conspué. Objectif affiché : bien négocier la première manche à Vicente Calderon. Pour le coup, en tant qu'ancien coach du Real Madrid, il devrait être servi dans l'enceinte surchauffée des Colchoneros. Les 55 000 supporters de Vicente-Calderon devraient lui réserver un accueil à la hauteur de son impopularité. José Mourinho rêve lui d'un retour triomphal dans une ville où il déchaîne les passions. Mais aussi d'une revanche sur l'Atlético Madrid qui l'avait privé d'une sortie triomphale du Real Madrid lors de la finale de la Coupe du Roi en mai 2013 (défaite 2-1 après prolongation). Aujourd'hui, le Portugais est retourné à ses premiers amours londoniens du côté de Chelsea, avec plus ou moins de réussite, mais n'a rien perdu de son ego surdimensionné et de son caractère volcanique. Ça tombe bien, les supporters des «Matelassiers» le détestent presque plus pour ça que pour son ancienne appartenance au Real Madrid. Ils devraient à nouveau en avoir pour leur argent.