Réda Bouthagou, ex-champion d'Afrique et ancien recordman d'Algérie du 50 m et du 100 m NL, a été l'attraction du dernier championnat national tenu à Bab Ezzouar. A 38 ans, il a remporté le 100 m NL, provoquant un petit séisme dans le milieu de la natation. Le secret de sa longévité ? Il nous l'explique dans cet entretien. Tout le monde vous croyait à la retraite, mais après une année d'absence, vous voilà de retour à la compétition. Un retour qui n'a pas laissé indifférent le milieu de la natation… Est-ce à dire que mon retour dérange ? Non pas du tout, mais après une année sans activité et à 38 ans, vous revenez et vous gagnez l'épreuve reine qu'est le 100 m NL, avouez que c'est étonnant... Il est vrai que je ne m'entraîne plus comme avant, mais je nage quand même environ 20 km par semaine, une distance que j'accomplissais en deux jours quand j'étais en équipe nationale. Quel est le secret de votre longévité ? Le secret est de ne pas s'arrêter, il faut maintenir la cadence et puis il y a aussi l'hygiène de vie. Je m'entraîne de temps à autre avec des nageurs qui préparent le masters, une épreuve pour les vétérans qui existe dans le monde entier mais pas en Algérie. C'est-à-dire, je m'entraîne avec des anciens nageurs qui ont entre 25 et 90 ans. Pourquoi n'existe-t-elle pas en Algérie ? Je ne sais pas, pourtant cela ne demande rien en matière de finances, c'est une compétition dont peuvent profiter aussi les amateurs qui viennent nager pour le plaisir, mais surtout elle peut rassembler les anciens nageurs et nageuses qui ont arrêté la compétition. Le masters comporte plusieurs compétitions, dont un Mondial. Peut-on la créer chez nous ? C'est simple, il faut créer un championnat régional et un autre national en rassemblant le maximum de participants tous âges confondus, mais surtout les anciens nageurs et nageuses qui se sentent parfois délaissés. Evoluez-vous toujours au sein d'un club en France ? Oui, je continue à nager au sein du SCUF de Paris, je contribue même à son développement au niveau de la base, ce qui me permet aussi de faire bénéficier mes enfants de mes connaissances. Je veux qu'ils soient de futurs champions en natation ou en judo. En judo, c'est étonnant pour un ancien champion de natation ? Il faut dire que le judo en France est aussi une pratique sportive très prisée. C'est une discipline qui est bien prise en charge. Moi, je leur mets le pied à l'étrier, ensuite ils choisiront leur chemin. Et ici, vous êtes toujours athlète du GSP, ex-Mouloudia, n'est-ce pas ? Absolument, d'ailleurs je remercie au passage les dirigeants de ce club pour tout, et notamment M. Djouad pour sa volonté de me maintenir au niveau de l'équipe. Vous êtes considéré comme l'idole des jeunes nageurs, qu'est-ce que vous leur conseillez ? Cela me flatte. Je leur conseille de ne jamais arrêter la pratique de la natation, au contraire, c'est un moyen stimulant, cela aide même dans la vie de tous les jours. Que pensez-vous du championnat national auquel vous avez participé ? Ce que j'ai constaté est quelque peu désolant. Il n'y a plus l'ambiance d'antan, la désorganisation a caractérisé la compétition. Par ailleurs, j'étais surpris par la nonchalance des nageurs pas du tout concentrés sur l'évènement. En revanche, il n'y a rien à dire sur la piscine, c'est un petit joyau. C'est ce qui a permis d'ailleurs à des nageurs d'enregistrer de bon chrono. Qu'avez-vous à ajouter pour conclure ? Pour conclure, je dirai qu'il reste beaucoup à faire, notamment sur le plan organisationnel, de la formation et du développement de la natation. Il faut revenir à l'ancien système, c'est-à-dire encourager le sport de masse, c'est à la base qu'on détecte les futurs champions. Il y a des régions qui ne demandent qu'à être exploitées dans ce domaine et des piscines prêtes pour produire des champions, chose qui n'existait pas avant. C'est aux responsables de retrousser les manches pour dynamiser la discipline.