L'Atletico Madrid a été sacré champion d'Espagne pour la 10e fois de son histoire en neutralisant le FC Barcelone (1-1) samedi pour la 38e et dernière journée, s'offrant son premier titre national depuis 18 ans au nez et à la barbe des Catalans. Héroïques, jusqu'au bout! Dans un match ébouriffant au Camp Nou, les "Colchoneros" ont encaissé un missile d'Alexis Sanchez (34) mais ont réussi à égaliser sur une tête de Diego Godin, qui a envoyé au paradis une équipe formidable d'abnégation en défense. Premier avec 90 points, le club madrilène devance le Barça, 2e (87 points), qui achève cette saison morose la tête basse, sans titre majeur pour la première fois depuis 2008. Le Real Madrid, futur adversaire de l'Atletico en finale de la Ligue des champions la semaine prochaine, est troisième avec 87 points. C'est la première fois depuis Valence en 2003-2004 que le titre en Liga n'est pas confisqué soit par le club merengue soit par son rival blaugrana, dont les budgets respectifs sont au moins quatre fois supérieurs à celui de l'"Atleti". Conquis au bout d'un scénario haletant, ce trophée récompense la folle saison des hommes de Diego Simeone, leaders du championnat depuis fin mars et qui peuvent même réaliser un fabuleux doublé s'ils remportent la C1 samedi prochain à Lisbonne face au Real. L'Atletico Madrid n'avait plus remporté le titre de champion d'Espagne depuis la saison 1995-1996. A l'époque, l'actuel entraîneur Diego Simeone évoluait dans l'entrejeu de l'équipe "rojiblanca" et l'Argentin et ses partenaires avaient réussi le "doblete" Liga-Coupe du Roi. Fort de ce triomphe national, les "Matelassiers" peuvent désormais se tourner avec appétit vers la Ligue des champions, une compétition qu'ils n'ont jamais remportée et dont ils ont disputé la finale il y a 40 ans, en 1974. L'Atletico n'a pas cédé Mais qu'on ne s'y trompe pas: les finales, l'Atletico de Simeone sait les gagner. Il l'a prouvé en 2012 avec l'Europa League, en 2013 avec la Coupe du Roi, et il l'a encore prouvé samedi au Camp Nou. Cette "finale" de Liga entre le leader et son dauphin a résumé en 90 minutes neuf longs mois de compétition: elle a été indécise, électrique, surprenante et finalement époustouflante. Dans un Camp Nou bruyant comme jamais cette saison, les Catalans devaient gagner et les "Colchoneros" pouvaient se contenter d'un match nul. Et tout est allé de travers pour l'Atletico en début de match avec les sorties sur blessure de Diego Costa, puis d'Arda Turan. Certes, la défense catalane a semblé très fébrile, comme sur ce dégagement dévissé au-dessus de son propre but par le revenant Gerard Piqué (11). Mais c'est le Barça qui a eu les meilleures occasions de la première période. La rencontre était un sommet de tension et d'engagement, à tous les niveaux, avec un Lionel Messi serré de près par ses vis-à-vis mais affamé de ballons. Et l'intensité a grimpé d'un coup lorsque Alexis Sanchez, d'un coup de canon soudain et à angle fermé sous la transversale, a donné l'avantage au Barça (34), virtuellement champion à ce moment-là. En cinq confrontations cette saison (quatre nuls, une défaite), le Barça n'avait jamais mené au score. Il a commencé à subir la pression madrilène et, peut-être, la pression du résultat. Juste après le repos, l'ancien Barcelonais David Villa a expédié un tir sur le poteau (47) avant que l'Uruguayen Diego Godin, d'une tête puissante, ne redonne vie à l'Atletico. Après quoi le Barça a poussé, avec un but de Messi refusé pour hors-jeu (63) ou un tir de Dani Alves sorti d'une claquette par l'impeccable gardien Thibaut Courtois. Mais l'Atletico, meilleure défense de Liga, avait trop bataillé pour en arriver là et ne pouvait pas céder au dernier moment. Il n'a pas cédé. Il est champion, 18 ans après.