Larges vainqueurs des Basques de la Real Sociedad dimanche soir (4-0), les «Colchoneros» ont pris les commandes de la Liga, reléguant le FC Barcelone et le rival madrilène à 3 points. L'Atlético Madrid, qui n'avait plus été seul leader à ce stade de la saison depuis 18 ans, pourrait bien casser les fondements d'un championnat espagnol bicéphale. 19h, le coup d'envoi est donné par les Basques. Il règne un silence de cathédrale dans l'arène du Vicente Calderon. On entend à peine les joueurs s'invectiver, se parler, s'alerter, ou les entraîneurs donner des consignes. L'amateur de foot qui allume son poste à 19h pétantes s'intrigue forcément : pourquoi diable un stade rempli à ras bord (54 000 personnes) n'émet-il aucun bruit ? Pas un chant, pas une insulte, même pas un petit brouhaha en fond. Pourquoi diable les supporters des Rojiblancas, censés être électrisés par l'enjeu d'une première place, restent-ils outrageusement silencieux ? La raison est simple. En fait, elle est même évidente. A la 8e minute, le Vicente Calderon se mit à trembler. 8, comme le numéro de Luis Aragones lorsqu'il portait les couleurs de l'Atlético. Un hommage à l'ancien sélectionneur de l'Espagne, décédé samedi à 75 ans, qui justifiait le mutisme dans l'enceinte des Colchoneros. Défense de fer... Une heure et demi plus tard, les joueurs de Diego Simeone, poussifs en première période, ne faisaient qu'une bouchée de leurs adversaires du soir. Une claque infligée à la Real Sociedad (4-0), à l'issue d'un match qui, au fond, incarne à lui seul la saison mirifique des Rojiblancas : une bagatelle de buts encaissés et une avalanche de buts marqués. Avec 14 réalisations concédées depuis le début de la saison, les partenaires de Thibaut Courtois possèdent la meilleure défense de la Liga, devant le Real (16) et le Barça (22). Dans l'axe, Diego Godin et Miranda, font des merveilles. Impériaux de la tête et intraitables en un contre un, les centraux de l'Atlético ne laissent que des miettes à leurs adversaires. Sur les flancs de la défense, Juanfran et Felipe Luis ne sont que très rarement pris en défaut et apportent le surnombre à chaque offensive. Et que dire de Thibaut Courtois. Chelsea doit regretter de l'avoir cédé à l'Atlético l'été dernier. Le géant belge (1m98), que Falcao considère comme le "meilleur gardien du monde", bouche avec brio les dernières brèches de la forteresse madrilène. ... et attaque de feu Auteur de 20 buts depuis le début de la saison, Diego Costa brigue la première place des goleadors, trustée jusqu'ici par Cristiano Ronaldo (22 buts), et a déjà semé Lionel Messi (9). Grand, rapide, puissant, et diablement efficace, le Brésilien naturalisé espagnol constitue indéniablement la pièce maîtresse du dispositif de Simeone. David Villa, régulièrement aligné en soutien de l'artilleur de l'Atlético, réalise quant à lui une saison très correcte. L'ancien joueur de Barcelone, âgé de 32 ans, a inscrit 11 buts en Liga cette saison. Résultat : avec 56 buts marqués, l'Atlético possède la troisième meilleure attaque du championnat espagnol, à trois longueurs du Barça (59) et cinq du Real Madrid (61). Si les Rojiblancas sont épargnés par les blessures pendant les quelques mois qui restent, on ne voit pas très bien ce qui pourrait les empêcher de remporter leur premier titre de champion depuis 1996. L'Atlético ne sait pas perdre Car les joueurs de Diego Simeone ne laissent rien au hasard. La dernière fois que les pensionnaires du Vicente Calderon ont capitulé, c'était sur la pelouse de l'Espanyol Barcelone le 19 octobre 2013 (0-1). Excepté ce petit accident de parcours, les Colchoneros n'ont perdu aucun match. Autrement dit, sur 36 matchs disputés toutes compétitions confondues, les partenaires de Koké n'ont essuyé qu'une seule défaite. Enfin, les arrivées de Diego et Sosa pendant le mercato d'hiver viennent renforcer un effectif qui en avait bien besoin. Au contraire du Barça ou du rival madrilène, l'Atlético Madrid ne peut se targuer de posséder des bancs aussi pléthoriques, mais a réalisé deux jolis coups à l'occasion de la grande braderie hivernale. Le Brésilien Diego, qui a déjà joué sous les couleurs rouges et blanches en 2011-2012, a prouvé ce dimanche soir face à la Real Sociedad, qu'il n'avait rien perdu de son sens de la passe, ni du but (il a inscrit le 4e but de l'Atlético). Aussi, Enrique Cerezo, le président du club madrilène, a réalisé un autre coup de maître en attirant dans ses filets le milieu offensif international argentin Sosa, courtisé par Malaga. Pour la première fois depuis 1996, la Liga semble enfin à portée de la formation coachée par Diego Simeone. Si elle décroche le trophée en fin de saison, la mémoire de Luis Aragones ne saurait être mieux honorée.