Le romancier, poète et dramaturge espagnol, Miguel de Cervantes Saavedra, était au centre des débats hier à la salle de conférences de l'hôtel Renaissance à l'occasion d'une journée d'étude organisée par le Centre des archives nationales et consacrée à l'histoire des relations algéro-espagnoles et à l'époque de ce grand et énigmatique personnage. Une rencontre qui a vu la participation d'historiens et chercheurs universitaires venus d'Espagne, du Portugal, de Turquie, de Tunisie et des universités nationales. Célèbre pour son roman «l'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche», la vie de Miguel de Cervantes est étroitement liée avec Alger. Né le 23 avril 1547 à Alcalá, il mène d'abord une vie aventureuse de soldat et participe à la bataille de Lépante en 1571 où il perd l'usage de sa main gauche, ce qui lui vaut le surnom de «Manchot de Lépante». Lors du voyage de retour vers l'Espagne, il est capturé par les Barbaresques avec son frère Rodrigo. Malgré quatre tentatives d'évasion, il reste captif à Alger durant cinq années, jusqu'à 1580, où il fut racheté, avec d'autres prisonniers espagnols, avant de regagner son pays. Cette épopée a marqué un tournant dans l'histoire des relations de l'Algérie et de l'Espagne qui craignait, à l'époque, qu'Alger ne devienne la capitale de l'empire ottoman sous le sultan Souleymane en 1519. Cette journée s'est penchée donc sur les archives de cette période, caractérisées par des manuscrits écrits par des militaires et des espions espagnols. L'on apprendra grâce aux intervenants et sur la base de documents italiens et espagnols la féroce campagne menée par le roi Charles V contre l'Algérie, mais qui n'aura aucun impact sur l'équilibre géostratégique et militaire dans le bassin méditerranéen, où la flotte algérienne régnait en maître sur ses côtes malgré l'alliance militaire espano-portugaise. A cet effet, la reine Isabelle du Portugal a adressé deux correspondances, en 1529 et 1533, au roi Charles V, dans lesquelles elle le pousse à mener une campagne militaire contre l'Algérie. Plusieurs documents ont été commentés lors de cette journée d'étude, notamment sur les relations diplomatiques entre l'Algérie et le Portugal et signées en 1813, et sur toutes les tentatives de déstabilisation de la force marine algérienne. Les chercheurs se sont penchés après sur l'œuvre de Miguel de Cervantes, intitulée «El Trato de Argel» écrit en 1586 sous la forme d'une comédie, dans laquelle l'écrivain s'était penché sur la cohabitation entre les chrétiens et les Maures, mais qui retrace aussi des pans entiers de l'histoire entre l'Espagne et l'Algérie.