But de Giroud, but de Matuidi, 66 secondes seulement entre les deux et pas le temps de dire ouf: l'équipe de France a tué le match contre la Suisse, écrasée 5-2, en deux temps trois mouvements, vendredi à Salavador dans le Mondial-2014. L'élan suisse, né de la victoire à l'arraché contre l'Equateur (2-1) ? Pulvérisé en moins de deux (minutes) ! Les Bleus ont réalisé le coup parfait en inscrivant les deux buts les plus rapprochés de cette Coupe du monde, qui allaient les propulser vers un succès extrême. Salvador a encore connu une avalanche de buts après Espagne - Pays-Bas (1-5) et Allemagne-Portugal (4-0), mais cette fois, le sort du match s'est joué en quelques battements de cœur. Deux temps trois mouvements ? Dix-septième minute: sur un corner de Valbuena, Giroud fait parler l'un de ses points forts, le jeu aérien, et s'impose dans la surface en reprenant de la tête le ballon que Benaglio ne peut que détourner vers sa lucarne. L'avant-centre, qui inscrit ainsi le 100e but des Bleus en Coupe du monde et son 9e en 32 sélections, s'empresse d'aller festoyer avec les remplaçants après avoir tapé dans la main de Didier Deschamps. Le sélectionneur l'a titularisé à la place de Griezmann, un des deux changements dans le onze de départ par rapport à celui qui avait battu le Honduras (3-0). A ranger dans la case "coaching gagnant", fatalement. Matuidi au sang-froid Peu après l'engagement des Suisses, Behrami adresse une passe en retrait pour... Benzema. Le buteur français, qui n'en demandait pas tant, se met dans le bon sens et décale Matuidi à gauche, qui d'une frappe placée à ras de terre et du poteau gauche, comme un attaquant, double la mise. On joue la 18e minute ! Cruel pour Behrami, qui avait sonné la révolte contre l'Equateur en s'occupant des trois quarts de l'action menant au but de la victoire, et qui connaît de nouveau la poisse en Coupe du monde, après sa blessure au Mondial-2006 et son carton rouge à l'édition suivante. Mérité pour Matuidi: le milieu récupérateur, relayeur et de plus en plus buteur a trouvé les filets pour la 4e fois en 24 sélections, déjà la 3e en 2014, une belle récompense pour le Parisien par ailleurs auteur d'un gros match à son poste. Surtout, les Suisses sont dès lors KO debout, rouges de honte; les Français sur un nuage bleu roi. Les supporters de la bande à Deschamps, auparavant quelque peu dominés par les "Hopp Schwiiz !" de leurs voisins question décibels, prennent définitivement l'ascendant: on entend des "Qui ne saute pas n'est pas français, eh!", le fameux "po polopopopo, po..." sur l'air de "Seven Nations Army" des White Stripes. Il y eut aussi plusieurs fois la Marseilaise et, pour chambrer: "Mais ils sont où, mais ils sont où, mais ils sont où les petits Suisses?" ou encore: "Ce soir on vous met, ce soir on vous met le feu!". Bref, tout le catalogue des refrains de supporters français y est passé, déclenché par cette minute folle. Van Bergen ensanglanté Deux temps trois mouvements, dont le troisième est peut-être à chercher plus tôt, dès la 7e minute, comme une amorce du tournant du match. Dans un duel, Giroud atteint de la pointe du pied le visage du défenseur central Van Bergen. L'arrière suisse gît à terre, sonné. Il doit quitter le terrain, le visage ensanglanté du côté de l'oeil gauche, pour céder sa place à Senderos (9e). Un incident qui a sans doute perturbé le secteur défensif de la "Nati". Car ces dix-septième et dix-huitième minutes, la France et la Suisse s'en souviendront sans doute à l'heure de dresser le bilan de leur Coupe du monde, quel qu'en soit l'issue.