L'équipe de France va savoir ce qu'elle a réellement dans le ventre en se frottant à la Suisse, son adversaire le plus coriace dans le groupe E, avec comme objectif de faire un grand pas vers la qualification en 8e de finale, vendredi à Salvador de Bahia. Le large succès acquis face au Honduras (3-0) lors du premier match a permis aux Bleus de surfer sur leur petit nuage et de maintenir la dynamique enclenchée le 19 novembre en barrage retour face à l'Ukraine (3-0). L'ambiance est au beau fixe au sein d'une formation invaincue depuis cette soirée magique et qui se met tout d'un coup à rêver d'un retour au premier plan de la scène internationale. Il reste toutefois à matérialiser ces belles dispositions contre une nation de valeur. La Suisse, 6e au classement Fifa, est le test qu'il faut pour juger du potentiel des Bleus et imaginer le destin qui pourrait être le leur au Brésil. Comme un symbole, cette rencontre intervient quatre ans jour pour jour après la grève de l'entraînement à la Coupe du monde en Afrique du Sud qui avait plongé l'équipe de France dans la plus grave crise de son histoire. Autant dire qu'un succès serait le plus beau pied de nez à ce lourd héritage et prouverait que la page est bel et bien en passe d'être définitivement tournée. Plus prosaïquement, trois nouveaux points rapprocheraient les Tricolores du prochain tour. Les calculs sont simples: le billet pour les 8e serait assuré si les troupes de Didier Deschamps battent les Suisses et que l'Equateur ne s'impose pas contre le Honduras. Objectif quarts Les Bleus ne seraient alors plus qu'à un match de l'objectif fixé par le président de la Fédération française de football Noël Le Graët: atteindre les quarts de finale. Même si le rang de la "Nati" au classement Fifa paraît très flatteur, la méfiance est de mise dans le camp français. Cela fait 22 ans que les Suisses n'ont pas dominé les Bleus, mais cette fois ils ont les armes pour les secouer, malgré une entame de compétition poussive et une victoire arrachée dans les arrêts de jeu face à l'Equateur (2-1). Le sélectionneur allemand des Helvètes Otmar Hitzfeld l'assure: cette équipe est plus forte que celle qui il y a quatre ans avait surpris les futurs champions du monde espagnols au 1er tour (1-0). Autour du madré Stephan Lichtsteiner (30 ans, Juventus Turin) gravitent la jeune garde incarnée par Xherdan Shaqiri (22 ans, Bayern Munich) et trois champions du monde des moins de 17 ans en 2009, dont deux d'entre eux ont été décisifs contre l'Equateur: l'arrière gauche Ricardo Rodriguez, double passeur, et Haris Seferovic, buteur à la dernière seconde. Varane-Sakho, le test Mais la France ne manque pas d'atouts. Outre l'élan qui la porte psychologiquement depuis novembre, elle a trouvé en Karim Benzema, parfaitement secondé par Mathieu Valbuena à la création, l'attaquant et le leader technique capable de la porter loin en l'absence de Franck Ribéry. Son doublé contre le Honduras (8 buts sur ses 7 dernières rencontres avec les Bleus) a prouvé qu'il était dans la forme de sa vie. Les Bleus semblent aussi parés au milieu avec le Parisien Yohan Cabaye, touché aux adducteurs dimanche mais qui semble opérationnel après avoir pris part normalement à l'entraînement à huis-clos jeudi, Blaise Matuidi et Paul Pogba, surtout si ce dernier parvient à canaliser une fougue et un tempérament qui ont failli lui coûter un carton rouge dimanche. La jeune charnière centrale Varane (21 ans, 7 sélections)-Sakho (24 ans, 20 sélections) va en revanche passer au révélateur. Les deux défenseurs n'ont pas eu trop de travail face aux Honduriens mais ils seront cette fois beaucoup plus sollicités. Inexpérimentés mais plein de promesses, ils sont, à l'image de cette équipe de France, encore à la recherche de certitudes.