Le débat suscité de part et d'autre au sujet de la question du gaz de schiste n'est pas totalement justifié, selon le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi. «Les gens confondent entre la sécurité énergétique du pays à long terme et la critique de ce qui provient du gouvernement», a insisté hier à Alger le ministre, lors de l'ouverture d'une journée d'étude sur les hydrocarbures à l'attention de la presse. Le ministre a invité ceux qui ont critiqué la décision d'explorer le gaz de schiste d'«oublier la critique politicienne et toute appartenance politique lorsqu'il s'agit de la sécurité du pays». Il affirme travailler pour «le très long terme, car l'exploration nécessitera beaucoup de temps». «Nous travaillons sur la sécurité énergétique des générations futures», a expliqué Youcef Yousfi, suggérant de distinguer entre les déclarations des spécialistes et ceux qui veulent faire de «la manipulation». M. Yousfi a dénoncé, en effet, des «tentatives de déstabilisation» du pays qui sont à l'origine de l'opposition à l'exploration du gaz de schiste, décidée dernièrement par les pouvoirs publics. «Notre pays est accusé de nationalisme énergétique» et fait l'objet de «tentatives de déstabilisation» qui visent à l'empêcher d'exploiter son potentiel en hydrocarbures, a-t-il confié. «Il nous a apparu utile et nécessaire que ceux qui contribuent à forger l'opinion publique sachent parfaitement où se situe l'intérêt vital du pays et où se cachent les tentatives de déstabilisation», a-t-il déclaré. «Combien de guerres, de conflits et de tentatives de déstabilisation ont pour origine directe ou indirecte les hydrocarbures», a-t-il fait remarquer. Pour appuyer la décision d'explorer le gaz de schiste, il a noté que chaque pays a ses propres ressources énergétiques et des intérêts à défendre. Certains pays comme la France continuent d'exploiter le nucléaire, malgré les dangers que recèle cette ressource, car ils ont des intérêts à préserver. «Qu'est-ce qui est le plus dangereux ?», s'est-il interrogé, estimant qu'il n'existe pas de solution unique pour tous les pays, comme il n'existe pas de politique énergétique unique. «Le plus important, c'est d'assurer la sécurité énergétique à long terme», a réaffirmé le ministre. Toutefois, il a dit comprendre les réactions de certains car «l'inquiétude est légitime. La peur de ce qui est nouveau est suscitée par «la méconnaissance» des énergies non conventionnelles. Le procédé redouté par des experts en énergie qui se sont exprimés sur la question à travers les médias est lié notamment à la fracturation hydraulique qui est, explique le ministre, déjà utilisée depuis des dizaines d'années dans l'exploitation des hydrocarbures, rassurant aussi que la décision d'explorer le gaz de schiste a été rehaussée par des mesures draconiennes en matière de protection de l'environnement et de la ressource hydrique. Selon lui, l'exploitation du gaz de schiste, à long terme «est plus que primordiale pour financer les prochains plans quinquennaux», en l'absence d'autres alternatives de financement. Aucun contrat signé Il saisira l'occasion pour répondre notamment à des parties qui évoquent la signature de contrats avec des étrangers en affirmant qu' «aucun contrat n'a été signé avec des étrangers». Pour l'eau qui sera utilisé dans la fracturation, le ministre a relevé que des études sont engagées pour voir la possibilité de recourir à l'eau salé ou à d'autres méthodes non utilisatrices d'eau. M. Yousfi a affirmé, par ailleurs, que son département n'a pas l'intention d'abandonner les autres ressources énergétiques dont l'éolien et le solaire pour lequel un investissement de 100 milliards de dollars est engagé.