L'exploration lancée actuellement et l'exploitation dans le futur du gaz de schiste est inévitable pour garantir la sécurité énergétique de l'Algérie. Malgré les incessantes alertes et critiques formulées par des experts en énergie et les premières manifestations des populations dont celles de Ouargla samedi dernier et l'autre prévue ce jeudi à Alger, l'Etat maintien la décision de poursuivre l'exploration des hydrocarbures non conventionnels. Le président de l'Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft), Sid-Ali Betata, a rassuré hier à Alger que l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels n'est pas aussi dangereuse qu'elle est présentée par certains et recèle des risques similaires à ceux de l'industrie pétrolière actuelle. Invité par le forum économique du quotidien El Moudjahid, M. Betata a indiqué que «tout en continuant la recherche et l'exploitation des hydrocarbures conventionnels, nous devons évaluer et tester le modèle et les concepts liés au potentiel en hydrocarbures non conventionnels». En raison de l'important potentiel en gaz de schiste que recèle le sous-sol algérien, il a souligné qu'il «est de notre devoir d'anticiper pour se lancer dans les travaux d'études et d'évaluation afin de vérifier les concepts et de s'assurer de la faisabilité technico-économique de l'exploitation de ces ressources non conventionnelles». Pour convaincre davantage, il a expliqué que «des avancées technologiques remarquables ont permis de développer et de mettre au point les outils et techniques nécessaires pour une meilleure maîtrise de la fracturation des roches tout en veillant à la sécurité et à la protection de l'environnement». De nouvelles techniques de production sont également en cours de développement à l'effet de réduire les volumes d'eau utilisés pour la fracturation des roches mères renfermant le gaz de schiste. «En réalité, c'est au niveau de la fracturation hydraulique que les adversaires de l'exploitation du gaz de schiste se dressent et signalent tantôt la pollution des nappes phréatiques, tantôt d'autres dangers, allant même jusqu'à prédire des séismes», a-t-il relevé. L'ouverture des plis du 4e appel d'offres repoussée à octobre Selon lui, le volume d'eau utilisé pour le forage d'un puits varie entre 10 000 et 15 000 m3, réutilisables à hauteur de 80% dans le forage d'autres puits. La fracturation hydraulique n'est pas dangereuse pour la nappe phréatique, comme il est «impossible que la fracture se propage jusqu'aux aquifères» que ce soit pour les forages horizontaux ou verticaux. Concernant les produits chimiques utilisés, il en a minimisé l'impact en indiquant qu'ils ne représentent que 0,5% des produits utilisés. Quant au coût comparativement aux autres ressources énergétiques, il sera déterminé après la réalisation de quelques opérations. Avant de passer à l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels, plusieurs étapes doivent être effectuées, a-t-il mentionné, citant entre autres l'évaluation du potentiel existant et l'estimation du potentiel techniquement récupérable, la réalisation de plusieurs études de faisabilité, d'études technico-économiques et de tests plusieurs années de suite. En dépit de l'exploitation des différentes ressources énergétiques, «les hydrocarbures non conventionnels garantiraient certainement à notre pays une indépendance énergétique pour une longue durée», insistera ce responsable, avançant que les besoins en gaz naturel du marché national seraient de l'ordre de 45 milliards de m3 en 2020 et 55 milliards de m3 en 2030. «A ces besoins s'ajoutent les volumes destinés à l'exportation dont les revenus contribuent au financement du développement économique et social du pays», rappellera-t-il. Pour ces raisons, la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach est appelée à s'associer sur des projets pilotes, en partenariat avec des compagnies internationales disposant de l'expertise et du savoir-faire pour apprécier le potentiel national puis pour son exploitation. A propos du 4e appel à la concurrence en matière d'exploration, lancé en janvier dernier, M. Betata a annoncé que l'ouverture des plis est repoussée au mois d'octobre prochain pour permettre aux compagnies pétrolières soumissionnaires d'étudier et de faire leurs offres concernant les 31 périmètres répartis sur tout le domaine minier algérien. Il a noté, à ce propos, l'intérêt des compagnies, qui peuvent bénéficier de mesures fiscales attractives. Il a rappelé que 50 entreprises avaient participé à la journée de présentation des données techniques relatives aux 31 périmètres. «Le seul défi pour nous reste la maîtrise de la chaine logistique», admettra le président de l'Alnaft.