Située à 600 km à l'ouest de la capitale de l'Etat, Curitiba, lieu où se déroule aujourd'hui le match Algérie-Russie, décisif pour la qualification aux huitièmes de finale de la Coupe du monde, Foz do Iguaçu est une ville paisible qui a été plongée malgré elle dans la fièvre du mondial. Réputée par ses fameuses chutes, considérées parmi les plus belles au monde, cette grande ville de l'Etat du Paraná compte une forte communauté arabe parmi ses 250 000 habitants. Le dernier recensement a établi la présence de 15 000 Arabes de confession musulmane dans cette région du sud-est du Brésil. Sans surprise, les Libanais dont le nombre est estimé a douze millions dans tout le Brésil, forment la majorité avec 12 000 âmes. Compte tenu du fait que l'Algérie est le seul pays arabe présent au Mondial, on vibre tous ici sous le rythme des Verts. On va d'ailleurs le constater très rapidement dès notre arrivée sur les lieux lundi, soit au lendemain de l'historique victoire des coéquipiers d'Islam Slimani contre la Corée du Sud. «Vous êtes la fierté de tous les Arabes et les musulmans», nous accueille Ahmed dans son restaurant oriental situé en plein centre de la paisible ville touristique. Ce septuagénaire, d'origine libanaise, évoque fièrement la prestation héroïque des Fennecs lors de leur deuxième sortie en Coupe du monde : «Il y avait une foule d'Arabes de diverses nationalités ce jour-là dans mon restaurant. Nous avons suivi le match avec beaucoup d'émotions. A chaque but marqué par l'Algérie, tout le monde chantait et dansait. L'ambiance était exceptionnelle», nous avoue-t-il avec un accent typiquement libanais. Un peu plus loin, Oum Hassan, est une irakienne de 62 ans qui tient un supermarché près de l'hôtel Slaviero où séjourne notre délégation. Depuis ce Mondial, elle affirme devenir une grande supportrice des Verts qu'elle suit avec attention. «J'ai suivi le match de l'Algérie face à la Belgique avec les nerfs. J'étais avec mon mari et mes trois enfants. Nous avons été attristés par la défaite ce jour-là, parce que votre équipe a bien joué. Mais pour son deuxième match, face à la Corée du Sud, l'Algérie a montré un visage plus séduisant et elle a fini par gagner sans trop de souci. Je ne vous cache pas qu'avant, je ne suivais pas les matches de l'Algérie, mais depuis le Mondial, je suis devenue une grande fan de cette équipe», nous avoue-t-elle. Son petit-fils Ibrahim, un adolescent de 16 ans qui n'est pas vraiment bronché foot, éprouve une certaine sympathie pour l'équipe algérienne depuis sa victoire dimanche dernier. «Je n'aime pas beaucoup le football, mais comme c'est un pays arabe et frère qui joue dans ce mondial, je dois supporter l'Algérie. J'espère qu'elle gagnera encore son prochain match pour se qualifier au deuxième tour.». La passion de la communauté arabe envers la bande à Halilhodzic nous est confirmée par notre guide touristique, Silvio Faria. Cet enfant de la région qui maîtrise parfaitement le français, était témoin de la liesse qui s'est emparée ce jour-là de l'entité en question. «Ici, les Arabes et les musulmans sont très solidaires entre-eux. Ils vivent la plupart du temps en communauté. Quand l'Algérie joue, ils se retrouvent dans les lieux publics pour voir ses matches. L'autre jour, après le match, j'ai vu des Marocains sortir d'un café tous contents de la victoire de l'Algérie», assure-t-il. A la veille de la rencontre capitale des Verts face à la Russie, la possibilité de voir les Arabes de Foz de Iguaçu déferler dans les rues pour fêter une éventuelle qualification historique des Fennecs est quasi certaine comme le pense notre interlocuteur. «Je suppose qu'ils vont défiler comme l'ont fait lundi les Brésiliens ici à Foz Do Iguaçu après la qualification de la Seleçao en huitièmes de finale de cette Coupe du monde. Après tout, ils se sentent concernés d'une manière ou d'une autre par cette aventure algérienne au mondial», nous déclare-t-il à la veille de notre départ pour Curitiba.