Au moment où quelque 2000 supporters algériens qui ont bénéficié des trois formules du Touring Club d'Algérie attendent impatiemment leur prise en charge par les pouvoirs publics en vue d'assister aux retrouvailles face à la Mannschaft, plusieurs centaines de leurs compatriotes sont dans le flou total. Un grand nombre de supporters algériens risque fort de rater le huitième de finale historique contre l'Allemagne, prévu demain à Porto Alegre. Il s'agit de toutes les personnes qui ont rallié le pays de la Samba soit en venant de l'étranger via leur pays de résidence, soit en passant par des agences privées. S'il est difficile d'établir leur nombre exact compte tenu que plusieurs d'entre eux ont foulé le sol brésilien avec des passeports étrangers, il est presque certain que ces fans représentent au moins la moitié du public algérien qui a assisté aux trois premiers matches de la sélection nationale au premier tour du Mondial brésilien et que certains observateurs estiment à 5000 fans.
Un problème difficile à résoudre Pris au dépourvu par la qualification «surprise» des Verts aux huitièmes de finale de la compétition, ils n'avaient pas prévu d'acheter des billets pour cette affiche face à l'Allemagne qui se déroulera au stade Beira-Rio. A deux jours du match, un tel fait pose vraiment problème pour nos fans, car la Fifa avait déjà annoncé il y a plusieurs mois sur son site l'écoulement de tous les billets pour le huitième de finale en question, au même titre que celui qui s'est déroulé hier à Belo Horizonte entre le Brésil et le Chili. En effet, les supporters allemands avaient misé largement sur la qualification de leur équipe au deuxième tour du Mondial en tant que première du groupe F, au même titre que leurs homologues russes qui pensaient voir leur équipe finir à la deuxième place. Ils se sont donc partagés avec les fans brésiliens les quelque 48 000 billets proposés pour le huitième de finale de Porto Alegre, sachant que d'après la Fifa, ces derniers ont raflé environ 60% des places disponibles durant la deuxième phase de vente. Toujours est-il que l'annonce de l'écoulement des billets pour la rencontre en question a provoqué une grosse panique chez les supporters algériens. Beaucoup d'entre eux, qui n'avaient pas encore quitté hier Curitiba, cherchaient désespérément des billets en ligne. C'est le cas d'ailleurs d'un couple d'émigrés résidant à Paris que nous avons rencontré dans un restaurant libanais. «Depuis jeudi soir, on essaye de trouver vainement des billets disponibles pour ce match via Internet. Je suis connecté tout le temps à mon smartphone dans l'espoir de trouver une place pour ma femme et moi mais pour l'instant aucune trace des billets d'accès au stade. On a appris qu'ils ont été tous vendus il y a longtemps», nous confie Hamid dont sa femme Khadidja n'a pas manqué de fustiger l'ambassade d'Algérie à Brasilia. «On a appelé ce matin l'ambassade d'Algérie à Brasilia pour leur poser le problème. Ils nous ont répondu que ce problème les dépassait. Un responsable m'a même choqué au téléphone en me disant qu'ils avaient juste des maillots de l'équipe nationale à nous proposer», se plaigne-t-elle. «Les gens pensent que la plupart des supporters algériens qui ont assisté aux trois premiers matches des Vers durant cette Coupe du monde viennent du bled. Alors que c'est faux. Nous sommes très nombreux à venir de tous les pays du monde. Personnellement, j'ai croisé des gens qui sont venus des Etats-Unis, d'Angleterre, d'Australie, du Mexique sans parler des pays européens. L'Etat algérien doit aussi voir du côté de tous ces Algériens pour leur procurer des billets à acheter. Nous ne demandons pas de l'aumône, nous voulons juste qu'on nous procure des billets pour pouvoir encourager la sélection de notre pays pour ce match historique», reprend Hamid. Même son de cloche chez Nabil, un supporter parmi les nombreux qui sont passés par une agence privée en Algérie pour pouvoir effectuer le long déplacement au Brésil pour supporter les Verts au Mondial. Il affirme n'avoir même pas pu trouver des places au marché noir. «Si l'Etat algérien ne fait rien pour nous, on sera obligés de faire l'impasse sur ce match, parce qu'on n'arrive même pas à trouver un billet au marché noir sur le net», nous déclare-t-il. Sans billet, pas d'accès au stade Devant une telle situation, de nombreux supporters que nous avons rencontrés préfèrent rentrer chez eux plutôt que de prendre le risque de rallier Porto Alegre sans billet de stade, d'autant plus que jusqu'à hier, aucun vol n'était disponible pour rejoindre la capitale de Rio Grande Do Sul qui se trouve à plus de 550 kilomètres de Curitiba. «Je n'ai aucune garantie pour avoir un billet pour ce match face à l'Allemagne, c'est pourquoi je ne veux pas prendre le risque de rester jusqu'à lundi. D'autant plus que je dispose d'un billet non échangeable via Madrid. C'est vraiment frustrant pour moi de rater ce match historique, mais je ne suis pas le seul à être obligé de rentrer. J'ai croisé plusieurs supporters qui sont dans la même situation que moi», nous assure Nabil de Constantine. Par ailleurs, certains fans ont bon espoir de racheter les billets auprès des supporters russes qui les avaient procurés il y a plusieurs mois. «La seule solution, c'est de trouver des billets chez les supporters russes qui préfèrent les revendre pour rentrer chez eux après l'élimination prématurée de leur équipe», pense Kamel, un mordu des Verts qui dit passer tout son temps à chercher des supporters russes dans les rues de Curitiba dans l'espoir de se procurer le fameux sésame. A priori, Il semble quasi certain que le nombre des supporters algériens qui ont suivi les trois premiers matches des Verts durant le premier tour de la phase finale du Mondial sera revu fortement à la baisse pour ce match historique des huitièmes de finale face à l'Allemagne. D'autant plus que plusieurs supporters ont décidé de rentrer au pays pour passer le Ramadhan avec les leurs. «C'est dommage pour nos joueurs d'être privés du soutien de tous ces supporters dans un match aussi important», regrette Yacine, un fan parmi des centaines qui a prévu de rentrer demain au pays.