Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a recommandé avant-hier à Alger à certaines catégories de pèlerins de ne pas se rendre aux Lieux Saints de l'Islam pour le hadj de cette année. Invité au forum nocturne du quotidien national Liberté, M. Aïssa a abordé plusieurs questions sur des sujets inhérents au mois sacré. Le ministre a précisé que le Conseil scientifique n'a pas jugé utile d'appeler les pèlerins algériens à ne pas se rendre aux Lieux Saints de l'Islam, car le coronavirus n'est pas en état de pandémie, assurant par ailleurs que le dispositif sanitaire est déjà renforcé. Mais, sans leur interdire le déplacement, le ministre recommande à certaines catégories de pèlerins de ne pas s'y rendre. Il s'agit, notamment, des femmes enceintes, des personnes âgées et des malades chroniques. Abordant, par ailleurs, la situation dans la wilaya de Ghardaïa, le ministre a affirmé que «le conflit entre les citoyens n'est pas d'ordre religieux», expliquant que «pour se défendre les uns et les autres, ils usent de ce qui les différencie». Il a fait savoir, à ce propos, qu'une action émanant de la société civile est prévue aujourd'hui visant à apaiser davantage les esprits. «Nous allons envoyer des savants et autres théologiens pour donner des conférences dans les mosquées», a-t-il dit. S'agissant de son programme pour le prochain quinquennat, le ministre a affirmé que son département a opté, au lieu du mufti de la République, pour une académie de sciences théologiques dans laquelle siégeront des savants de l'Islam. «Le concept du mufti de la République est un concept qui n'est pas propre à la pratique religieuse maghrébine et algérienne, c'est pour cela que nous optons actuellement pour une institution de concertation dans laquelle siégeront des savants de l'Islam», a-t-il expliqué. Il s'agit d'une institution de concertation regroupant, outre les hommes de religion, des médecins et des sociologues, qui auront pour mission de décréter des avis religieux, a souligné le ministre, notant que le mufti, dont le projet n'a pas abouti, est envisagé comme chef de cette institution. Le ministre avait déclaré auparavant qu'il n'y avait pas de personnalité consensuelle pour assumer le poste de mufti de la République, ajoutant que des efforts sont déployés au niveau du ministère «pour trouver une personnalité consensuelle issue de la communauté scientifique et religieuse». Interrogé sur «l'émergence d'un sectarisme religieux» en Algérie, le ministre a appelé à «immuniser la société de ces mouvements qui usent de la religion à des fins lucratives et politiques». «Il faut immuniser la société contre toutes ces dérives qui ciblent tous les pays musulmans», a-t-il prévenu, ajoutant qu'il s'agit d'une «invasion émanant de pays occidentaux dont le but est de discréditer le discours religieux modéré». Il a, à l'occasion, souligné que près de «230 imams qui véhiculaient des discours religieux radicaux ont été sanctionnés après leur refus d'accomplir la prière sur les victimes du crash de l'avion militaire survenu en début d'année dans la wilaya d'Oum El Bouaghi». S'agissant des non jeûneurs, le ministre a rappelé que «les lois de la République défendent la liberté de conscience», relevant que jeûner ou pas «reste un droit privé».