Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a présenté, mardi dernier, le plan d'action de son département pour le quinquennat 2014/2019. Il s'agit de cinq axes majeurs qui « constituent une priorité pour la bonne gestion du culte », a déclaré le ministre, invité du forum du journal Liberté. Aïssa a tenu à préciser que contrairement à ce qui est colporté, le ministère des Affaires religieuses n'est pas une administrative théologique dotée de muftis et de savants. De ce fait, il a indiqué avoir instruit ses cadres qui lancent des fetwas, de ne plus le faire au nom du ministère des Affaires religieuses. « Chaque wilaya est dotée d'un conseil scientifique qui représente l'élite des savants. C'est l'institution chargée des fetwas », a-t-il précisé. Au sujet de la feuille de route de son département, le ministre a rappelé la poursuite de la réalisation des mosquées de pôle. 23 au total sont prévues d'ici à 2019. Elles seront gérées par des imams d'élite, qui vont également superviser la formation des imams des mosquées de la wilaya, ainsi que l'encadrement du discours. Aïssa a précisé que son département opte, au lieu du mufti de la République, pour une académie de sciences théologiques dans laquelle siégeront des savants de l'Islam. « Il s'agit d'une institution de concertation regroupant, outre les hommes de religion, des médecins, des sociologues, qui auront pour mission de décréter des avis religieux », a-t-il affirmé, notant que le mufti, dont le projet n'a pas abouti, est envisagé comme chef de cette institution. Une académie des sciences théologiques au lieu du mufti de la République Le plan d'action prévoit également la création des écoles coraniques qui assurent une formation de base qui permettra aux élèves de rejoindre les institutions de formation des imams. Parmi les autres priorités, la redynamisation et la modernisation de la gestion des wakfs et du Fonds de la zakat et la prise en charge de la communauté algérienne établie à l'étranger. Sur ce dernier point, le ministre a annoncé que les imams qui seront destinés à cette mission « seront soumis à une formation d'une année en langues étrangères ». Actuellement, 170 imams sont installés en France et en Europe et 100 autres l'ont été pour le mois sacré. Un nombre jugé insuffisant. « Les autorités françaises nous ont demandé d'augmenter le nombre des imams algériens vu qu'ils prônent un discours modéré », a affirmé le ministre. Interrogé sur les incidents de Ghardaïa, le ministre a réaffirmé qu'il y a une instrumentalisation religieuse de la crise. « Il y a aussi une manipulation des jeunes qui sont à la recherche de la citoyenneté. C'est le constat de ma rencontre avec les représentants des deux communautés. Mieux encore, quand on a proposé des aides du fonds national de la zakat, après l'Aïd, les ibadites ont estimé qu'ils jouissent d'une autosuffisance et nous ont orientés vers les nécessiteux malékites », a-t-il rapporté. Il a annoncé, qu'à partir d'aujourd'hui, « des savants vont dispenser des cours dans les mosquées des deux communautés à Ménéa ». A cette occasion, Aïssa a appelé les imams algériens à repositionner leur discours. « Il y a un seul islam qui ne doit pas être pratiqué à deux vitesses. L'imam doit être autonome, indépendant dans ses prêches. Il ne doit être contrôlé que par la société civile », a-t-il estimé. les représentants de la communauté juive en Algérie Le ministère des Affaires religieuses reçoit quotidiennement les représentants de toutes les religions en Algérie, y compris de la communauté juive en Algérie. « Ça ne constitue pas pour nous un tabou. Ils sont nationalistes et aiment l'Algérie. Il y a une acceptation des juifs au niveau des quartiers populaires sauf que le rejet est d'ordre historique, politique aussi. Il est lié surtout à la Palestine », a précisé le ministre. Sur les synagogues fermées, Aïssa a assuré que leur réouverture est au programme de son département. « L'Etat hésite à rouvrir les synagogues par mesure sécuritaire. Ces lieux doivent être sécurisés », a-t-il observé. Au sujet du hadj 2014, le ministre a rappelé qu'il a appelé les personnes âgées, les malades chroniques et les femmes enceintes à éviter d'accomplir le pèlerinage. Concernant les mesures prises par son département pour faire face au coronavirus, Aïssa a assuré qu'un encadrement plus spécifique avec la mobilisation de médecins spécialistes, notamment en épidémiologie, a été mis en place au profit des 28.000 hadjis. Interrogé sur les cas des non-jeûneurs, le ministre a rappelé que les lois de la République défendent la liberté de conscience. Le jeûne « reste un droit personnel », a-t-il soutenu.