Une année après la décision du gouvernement de mettre obligatoirement en retraite tout salarié dépassant 60 ans, soit l'âge réglementaire, son application reste mitigée et surtout contestée par notamment des cadres moyens et des syndicalistes. Ainsi, des voix se sont élevées pour dénoncer le deux poids et deux mesures de l'application de cette instruction et souligner que si la majorité des salariés sont mis d'office en retraite, d'autres «plus âgés» et dépassant les 70 ans, sont toujours en poste, même s'ils sont souvent incapables d'assumer les responsabilités inhérentes à leur poste. Le maintien des cadres trop âgés est justifié par des besoins avérés des entreprises mais ces besoins peuvent bien être assurés par des cadres plus jeunes et compétents, a estimé un cadre moyen du secteur des finances. Pour rappel, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait ordonné les ministères, les administrations publiques et l'ensemble des institutions de l'Etat ainsi que les entreprises économiques publiques de «procéder à la libération des postes d'encadrement au sein des administrations, des entreprises et organismes publics dont les titulaires dépassent l'âge réglementaire et dont la présence n'est pas requise et de veiller à leur pourvoi par des jeunes cadres ayant les qualifications et les qualités requises». Des syndicalistes qualifient le maintien de certains hauts cadres en poste de «dépassements» et d'«indispensables» au regard de leur état de santé les obligeant à s'absenter souvent. Dans le secteur des assurances, par exemple, certains cadres dirigeants ont été reconduits en qualité de présidents de conseil d'administration pour les trois prochaines années, lors des assemblées générales ordinaires, tenues en juin dernier, laissant perplexe des centaines de travailleurs et surtout cadres moyens de ces compagnies qui s'attendaient à des promotions ou à la désignation de personnes moins âgées dans ces postes névralgiques. Des syndicalistes estiment que le Premier ministère doit élaborer une nouvelle instruction pour exiger l'application de la précédente décision (circulaire 263) y compris dans les ministères où des directeurs centraux dépassant de loin 60 ans. La relève attend toujours Selon un cadre moyen du groupe Sonelgaz, ce sont les hauts cadres qui sont maintenus malgré leur âge avancé. Ces personnes prennent leur retraite et sont recrutés par la suite en qualité de conseiller ou d'administrateur. Quant aux personnels de maîtrise et d'exécution, le départ à la retraite à l'âge de 60 ans est appliqué à la lettre. Ce cadre relèvera qu'avant l'instruction du Premier ministre, des agents de maîtrise ont été retenus après le dépassement de l'âge légal de travail dans le souci de transférer leur savoir-faire, d'assurer l'encadrement et la formation des personnels. Globalement, poursuivra-t-il, les 43 filiales du groupe avec l'ensemble de ses unités appliquent la circulaire de M. Sellal. Les milliers de jeunes cadres des entreprises économiques, des administrations et autres compagnies des secteurs bancaires et assurances doivent attendre une nouvelle décision du gouvernement leur ouvrant la voie de l'évolution de la carrière professionnelle, a déploré une cadre du secteur bancaire. «L'application reste désormais difficile à mettre en œuvre», pense un autre cadre d'une compagnie d'assurance. En 2013, un cadre syndical de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) avait suggéré de préparer une relève avant de mettre en retraite des cadres dirigeants âgés parfois de plus de 75 ans. Il trouvait qu'il était «inadmissible que des personnes âgées de 70 ans et plus continuent à occuper des postes stratégiques, surtout en qualité de cadres dirigeants».