Le président américain a dévoilé hier la nouvelle stratégie de son pays en Afghanistan en insistant sur la priorité accordée à la lutte contre Al Qaïda et à une approche régionale intégrant le Pakistan voisin. La situation en Afghanistan est «de plus en plus dangereuse», a déclaré Barack Obama à la Maison-Blanche. Les services de renseignements américains «préviennent qu'Al Qaïda prépare des attaques en territoire américain de son sanctuaire pakistanais», a-t-il ajouté. Le réseau armé islamiste et ses alliés sont un cancer «qui risque de tuer le Pakistan de l'intérieur», a insisté Barack Obama en exhortant Islamabad à faire la preuve de son engagement à chasser les combattants djihadistes de son territoire. Le chef de la Maison-Blanche a annoncé une hausse de l'aide au Pakistan à 1,5 milliard de dollars par an sur cinq ans, tout en précisant qu'il ne s'agissait pas d'un «chèque en blanc». «Le Pakistan doit donner la preuve de sa détermination d'éliminer Al Qaïda et tous les extrémistes violents qui se trouvent à l'intérieur de ses frontières», a-t-il déclaré. «Nous insisterons pour que le Pakistan agisse d'une manière ou d'une autre quand nous avons des renseignements concernant d'importantes cibles terroristes», a-t-il martelé. Pour venir à bout d'Al Qaïda, Barack Obama a ordonné l'envoi de 4000 soldats supplémentaires dans la zone de guerre en Afghanistan afin de former les forces locales dans l'espoir d'accélérer le jour où les Etats-Unis pourront retirer leurs troupes. L'objectif, a-t-il dit, est de vaincre Al Qaïda. Ces renforts viendront s'ajouter au déploiement de 17 000 militaires d'unités de combat supplémentaires déjà approuvé par la nouvelle administration. L'ensemble de ces troupes rejoindront le pays avant la fin de l'année. Un groupe de contact incluant l'Iran Demandant de ses alliés une aide civile accrue en Afghanistan, ainsi que des formateurs pour les forces de sécurité afghanes, Obama a, par ailleurs, proposé la création d'un nouveau groupe de contact sur l'Afghanistan et le Pakistan, comprenant des pays de la région y compris l'Iran et l'Inde. Ce groupe de contact «doit rassembler tous ceux pour lesquels la sécurité dans la région est un enjeu, nos alliés de l'Otan et d'autres partenaires, mais aussi des Etats d'Asie centrale, les nations du Golfe et l'Iran, la Russie, l'Inde et la Chine», a-t-il souligné. Il confirme ainsi sa volonté d'aborder le problème afghan d'un point de vue régional, y compris en associant des pays hostiles aux Etats-Unis comme l'Iran ou aux relations très tendues avec le Pakistan, comme l'Inde. «Aucune de ces nations ne tire profit d'une base pour les terroristes d'Al Qaïda ou d'une région qui sombre dans le chaos», a souligné le Président. «Tous ont un intérêt dans la promesse d'une paix durable, la sécurité et le développement», a-t-il dit. Islamabad et Kaboul saluent la nouvelle stratégie d'Obama Aussitôt annoncée, la nouvelle stratégie américaine en Afghanistan et au Pakistan a été saluée par Islamabad et Kaboul. Dans une déclaration, l'ambassadeur d'Afghanistan, Said Jawad, a assuré que Kaboul était «très reconnaissant» envers l'administration Obama pour cette «nouvelle stratégie vers la victoire». «Le gouvernement afghan s'engage à travailler avec les Etats-Unis et nos alliés pour mettre cette stratégie en œuvre», a-t-il déclaré. Son collègue pakistanais, Husain Haqqani, a qualifié de «signe extraordinairement positif» le réexamen de la politique américaine dans la région. M. Haqqani a déclaré que son pays était «particulièrement satisfait» de l'engagement personnel du président Obama «pour redynamiser nos efforts communs destinés à endiguer le terrorisme et l'extrémisme».«Cela augure bien (...) d'une relation plus mûre entre les Etats-Unis et le Pakistan», a-t-il estimé.