Une centaine d'habitants de la cité ''Diar Echems'', pour la plupart des jeunes, dans la commune d'El Madania (Alger) continuaient de bloquer mercredi en fin d'après-midi la route reliant Bir Mourad Raïs aux Annassers, à l'appui de revendications sociales portant sur leur relogement, a constaté l'APS. A l'aide de barres de fer, de pneus et de pierres, les protestataires maintenaient fermée depuis 11h30 la circulation automobile au niveau du carrefour "Les Jasmins", en contrebas de leur quartier, brandissant des banderoles où était écrit en langue arabe: "Le quartier Diar Echams demande le relogement", "Nous en avons assez des fausses promesses". Les manifestants ont occupé l'artère principale qui mène vers Bir Mourad Rais dans le calme et jusqu'à 16h30 les cinq axes routiers débouchant sur le carrefour était interdits d'accès. Seule une ambulance de la protection civile a été autorisée à passer, a-t-on relevé. Ils assurent qu'aucune autorité n'est venue s'enquérir de leurs doléances, décidant de ce fait de continuer la mobilisation "jusqu'à la satisfaction de nos revendications". "Les autorités locales nous avaient promis de nous reloger. A ce jour, nous n'avons rien vu venir alors que les logements sont distribués par centaines dans plusieurs bidonvilles. La patience a des limites. Nous avons bloqué la route pour exiger une échéance à notre relogement", avait auparavant expliqué Salim, un des habitants en colère. La population d'El Madania est sortie protester alors que le wali Abdelkader Zoukh s'est engagé à maintes reprises à ce que "toute les familles qui ont un problème de logement seront recasées''. Des nombreux policiers ont été dépêchés sur les lieux. Postés aux alentours du carrefour, ils se faisaient cependant très discrets: ils n'ont ni quitté leurs véhicules ni tenté de rouvrir la route. Les habitants d'El Madania, une des communes de la capitale qui souffre de la vétusté de son cadre bâti, réclament également de la wilaya qu'ils soient relogés dans un "beau site". Ils s'estiment par ailleurs "exclus" de la prise en charge des conséquences du séisme de vendredi dernier, qui avait ébranlé le Grand Alger. "A Diar Echems, nous sommes plus touchés que les habitants des autres quartiers où le ministre de l'Intérieur a pourtant exigé un relogement sur le champ. Pourquoi nous n'avons pas eu droit à la même faveur?", s'interrogent-ils. Les manifestants ont dénoncé également les conditions de vie difficiles dans leur cité, dont les bâtiments ont été fragilisés, d'après eux, par le séisme de mai 2003 et de celui de vendredi dernier. Plus de 1.000 familles de Diar Echems ont été relogées en 2010, dans le cadre de la lutte contre l'habitat précaire dans la capitale, après des manifestations, parfois violentes avec des accrochages avec les forces de police, de la population qui bloquait régulièrement la circulation automobile au carrefour "Les Jasmins". Les bâtiments évacués en 2010, visibles depuis la route de Bir Mourad Raïs, "ont été transformés en lieu de débauche", selon des habitants. A ce jour, la wilaya d'Alger a relogé 5.300 familles depuis le 21 juin dans le cadre de la distribution progressive de 25.000 logements sociaux locatifs aux habitants des sites précaires. La wilaya d'Alger avait relogé samedi 424 familles, installées dans un bidonville à El Hamiz (Dar El Beida), à la cité ''5 Juillet 1962'', dans la commune de Larba (W. de Blida). La dernière opération a été réalisée dans la nuit de mardi à mercredi au profit de 474 familles occupant des immeubles menaçant ruine (IMR) à La Casbah, Bab El Oued, Raïs Hamidou, Kouba, Ain Bénian et Sidi M'hamed, toutes relogées à la cité des 1.032 logements de Ouled Mendil, dans la commune de Douéra, à l'ouest d'Alger. La wilaya d'Alger dispose d'un programme global de 84.000 logements destinés à la lutte contre l'habitat précaire, dont 25.000 unités sont en cours de distribution et 11.000 logements seront réceptionnés avant la fin 2014.