L'euro accentuait sa baisse face au dollar mercredi, dans un marché fébrile à la veille de la décision de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) sur fond d'inquiétudes liées à un regain de tension autour de l'Ukraine. Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), la monnaie unique européenne valait 1,3355 USD, contre 1,3375 USD mardi vers 21H00 GMT. Vers 10H30 GMT mercredi, l'euro est tombé à 1,3333 USD, son niveau le plus faible en neuf mois. L'euro baissait également face au yen, à 136,66 JPY contre 137,21 JPY mardi. Le dollar aussi perdait du terrain face à la devise japonaise, à 102,33 JPY contre 102,59 JPY la veille. Les cambistes maintenaient dans l'ensemble des positions prudentes et attentistes avant la décision de politique monétaire de la BCE jeudi. Malgré le ralentissement de l'inflation enregistré en juillet en zone euro, la plupart des analystes pensent que l'institution monétaire optera pour le statu quo après sa série d'annonces début juin destinées à soutenir l'investissement et la croissance. Les investisseurs digéraient en outre l'annonce mardi d'une accélération de la croissance en juillet, la bonne tenue du secteur des services compensant l'essoufflement du secteur manufacturier, selon la deuxième estimation de l'indice PMI composite du cabinet Markit. La faiblesse de l'euro pouvait tout de même en partie s'expliquer par le fait que les chiffres de l'activité dans le secteur des services a "déçu", montrant une "croissance moindre qu'attendu, ce qui a alimenté les craintes persistantes de faux pas de la reprise", commentait Jonathan Sudaria, courtier chez Capital Spreads. L'Allemagne, première économie de la zone euro, a d'ailleurs vu mercredi la publication d'un nouvel indicateur décevant: les commandes à l'industrie allemande ont affiché en juin leur plus fort recul depuis près de trois ans, un indicateur potentiellement annonciateur de temps difficiles pour ce pilier de l'économie. De plus, certains investisseurs cherchaient aussi à réduire leurs positions dans la zone euro en réaction au regain de tensions dans la crise ukrainienne, notaient des analystes. "Les projecteurs se tournent de plus en plus vers les effets négatifs qu'ont les sanctions imposées par les pays occidentaux à la Russie sur l'économie européenne dans son ensemble", notait Markus Huber, analyste chez Peregrine & Black. Alors que les combats s'intensifiaient entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses autour de Donetsk, le fief des insurgés dans l'est du pays, le président russe Vladimir Poutine a ordonné mercredi d'"interdire ou de limiter pour un an" les importations de produits agroalimentaires en provenance des pays ayant mis en place des sanctions économiques contre la Russie. De son coté, le billet vert profitait toujours des données américaines publiées mardi qui ont confirmé que l'économie reprenait de la vigueur. La croissance de l'activité dans le secteur des services aux Etats-Unis a accéléré plus que prévu en juillet, l'indice ISM non-manufacturier atteignant son niveau le plus élevé depuis sa création en janvier 2008, et les commandes reçues par les industries manufacturières ont progressé plus fortement que prévu en juin pour atteindre leur plus haut niveau depuis 22 ans. Mercredi, les cambistes saluaient l'annonce d'une réduction inattendue en juin du déficit commercial américain, grâce à des exportations record et à un net recul des importations. "Etant donné que le déficit (en juin) est plus faible qu'anticipé dans la première estimation du PIB (Produit intérieur brut) pour le deuxième trimestre (publiée la semaine dernière), la croissance pourrait être révisée à la hausse", commentait James Knightley, analyste chez ING. Les données encourageantes sur la vigueur de la reprise économique aux Etats-Unis font penser aux investisseurs que la banque centrale américaine pourrait décider de relever plus tôt que prévu ses taux d'intérêt, actuellement proches de zéro pour stimuler la croissance. Une hausse de taux rend le dollar plus rémunérateur et donc plus attrayant pour les investisseurs spéculatifs. Vers 16H00 GMT, la livre sterling baissait face à l'euro, à 79,33 pence pour un euro, comme face au billet vert, à 1,6833 USD pour une livre. Le franc montait un peu face à la monnaie unique européenne, à 1,2147 CHF pour un euro, et se stabilisait face au dollar, à 0,9095 CHF pour un dollar, après avoir atteint vers 10H30 GMT 0,9115 CHF, son niveau le plus faible depuis fin janvier. La devise chinoise a terminé à 6,1634 CNY pour un dollar - un nouveau sommet en clôture depuis mi-mars - contre 6,1708 CNY la veille. L'once d'or a fini à 1306,50 USD au fixing du soir, contre 1284,75 USD mardi.