L'euro restait presque stable face au dollar vendredi dans un marché digérant les chiffres de l'inflation en zone euro et toujours préoccupé par une escalade des tensions en Ukraine, alors que les cambistes ajustaient leurs positions en fin de mois. Vers 13H00 GMT (15H00 HEC), la monnaie unique européenne valait 1,3182 dollar, contre 1,3181 dollar jeudi vers 21H00 GMT. L'euro progressait face à la monnaie nippone, à 137,05 yens contre 136,75 yens jeudi. Le dollar aussi gagnait du terrain face à la devise japonaise, à 103,97 yens contre 103,75 yens la veille. Les cambistes digéraient vendredi l'annonce d'un nouveau recul de l'inflation en zone euro, à 0,3% selon une première estimation publiée vendredi. Ce chiffre, conforme aux attentes des experts, rendait dangereusement proche la menace d'une spirale déflationniste au sein de l'Union monétaire. Le nouveau ralentissement de l'inflation était de nature à alimenter la pression pour que la Banque centrale européenne (BCE) prenne des mesures supplémentaires contre ce frein à la reprise. La BCE pourrait ainsi mettre en place un programme de rachats d'actifs afin de stimuler l'activité économique, une éventualité abordée la semaine dernière par le président de l'institution Mario Draghi dont les propos avaient provoqué la dégringolade de l'euro. Une telle action de la part de l'institution, qui équivaudrait à injecter des liquidités dans le système financier de l'Union monétaire, aurait pour effet collatéral de diluer la valeur de l'euro. Pour Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque, "les opérateurs de marché auraient toutefois tort de croire que de nouvelles mesures seront annoncées lors de la réunion du 4 septembre. Mario Draghi n'a strictement aucun intérêt à brûler le peu de cartouches qu'il lui reste pour influencer sur le devenir économique de l'Union (monétaire)." En outre, comme le relevaient certains courtiers, l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire hors prix les plus volatils comme ceux de l'alimentation et de l'énergie, a légèrement accéléré. Par ailleurs, du fait de l'escalade des tensions dans la crise ukrainienne, et du risque d'un conflit ouvert entre Kiev et Moscou après des informations faisant état de l'incursion de troupes russes dans l'Est séparatiste de l'Ukraine, les cambistes se détournaient des investissements jugés les plus risqués, comme l'euro, pour privilégier le dollar et le yen. "L'euro/dollar reste fragilisé (vendredi) matin par l'accentuation du risque géopolitique en Europe de l'Est mais on notera qu'en dépit des informations préoccupantes en provenance du terrain, l'euro résiste bien", commentait Christopher Dembik. Comme le soulignait M. Dembik, si les cambistes restaient vigilants, "il semble de plus en plus certain que le marché s'habitue au risque géopolitique. En effet, nul phénomène de panique hier en dépit des affirmations de Kiev à propos d'une invasion militaire russe". La devise européenne continuait tout de même à évoluer dans une fourchette étroite proche de plus bas depuis septembre 2013 face au dollar (1,3153 dollar pour un euro atteint mercredi) et décembre 2012 face au franc suisse (1,2049 franc pour un euro jeudi). En effet, de nouvelles sanctions contre la Russie, envisagées aux Etats-Unis comme en Union européenne (EU), pèseraient sur l'activité économique. Le dollar avait de son côté bénéficié jeudi d'indicateurs américains meilleurs que prévu, dont la révision à la hausse de la croissance économique au deuxième trimestre et le recul inattendu des nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage lors de la semaine close le 23 août. Le billet vert souffrait tout de même un peu vendredi de la baisse surprise des dépenses des ménages américains en juillet ainsi que la décélération de leurs revenus. Dans l'ensemble, le fait que vendredi est le dernier jour d'échanges du mois "peut se traduire par de l'agitation sur des marchés encore moins rationnels que d'habitude", relevait Simon Smith, analyste chez FxPro. Vers 13H00 GMT, la livre britannique restait stable face à l'euro, à 79,47 pence pour un euro, et se stabilisait face au billet vert, à 1,6587 dollar pour une livre. La devise suisse restait stable face à la monnaie unique européenne, à 1,2062 franc suisse pour un euro, comme face au dollar, à 0,9150 franc suisse pour un dollar. La devise chinoise a terminé à 6,1436 yuans pour un dollar, contre 6,1438 yuans la veille. L'once d'or a fini à 1285,75 dollars au fixing du matin, contre 1292 dollars jeudi soir.