Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir une réunion d'urgence jeudi sur l'épidémie d'Ebola qui ravage la région de l'Afrique de l'Ouest, dans le cadre des actions internationales pour lutter contre le virus qui a tué plus de 2.400 personnes. La réunion sera ouverte aux représentants des pays les plus touchés par Ebola (Liberia, Sierra Leone, Guinée notamment). Devraient aussi y participer le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Margaret Chan et le coordinateur de l'ONU pour Ebola, le Dr David Nabarro. Elle a pour objectif de définir une stratégie pour lutter contre l'épidémie avec "des engagements concrets", a expliqué l'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power, qui préside le Conseil en septembre, soulignant qu'il est inhabituel que le Conseil de sécurité, chargé de veiller à la paix et à la sécurité internationales, se saisisse d'un dossier de santé publique. Une réunion ministérielle sur Ebola doit aussi se tenir le 25 septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, selon des diplomates, et les cinq pays membres permanents du Conseil (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Chine et Russie) ont commencé à élaborer un projet de résolution sur Ebola, qu'ils doivent soumettre ensuite à leurs partenaires du Conseil. A Genève, le coordonnateur de l'ONU pour Ebola, le Dr David Nabarro, et la patronne des opérations humanitaires des Nations unies Valérie Amos, doivent faire dans la journée le point, à huis clos, avec les Etats sur l'aide aux pays affectés par l'épidémie. Actions internationales contre Ebola La communauté internationale a récemment multiplié les efforts pour freiner l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, la plus grave de l'histoire de cette fièvre hémorragique depuis l'identification du virus en 1976, qui a fait plus de 2.400 personnes sur 4.784 cas, selon le dernier bilan de l'OMS. Il n'existe actuellement aucun médicament ni vaccin homologué contre Ebola. Un vaccin expérimental, efficace sur des singes, fait l'objet d'un essai clinique depuis début septembre aux Etats-Unis. Si les résultats sont probants, il pourrait être prêt avant fin 2015. Face à cette situation, le président américain Barack Obama devait annoncer mardi l'envoi de quelque 3.000 militaires américains en Afrique de l'Ouest pour participer à la lutte contre le virus. L'essentiel des efforts américains seront concentrés au Liberia, l'un des trois pays les plus touchés par le virus avec la Sierra Leone et la Guinée. Un centre de commandement sera installé dans la capitale Monrovia, selon un haut responsable américain. Les Etats-Unis veulent créer au Liberia un site permettant la formation de 500 travailleurs sanitaires par semaine. Et, l'Agence américaine pour le développement international (USAID) distribuera, en partenariat avec l'Unicef, des kits de protection à destination des 400.000 familles les plus vulnérables du Liberia. Washington a déjà consacré 100 millions de dollars à la lutte contre le virus. L'USAID a annoncé son intention de débloquer 75 millions de dollars supplémentaires pour augmenter en particulier le nombre de centres de traitements. Barack Obama a d'autre part demandé au Congrès le déblocage de 88 millions de dollars supplémentaires. Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a intensifié dimanche son assistance alimentaire en procurant de l'aide à plus de 300.000 personnes dans les zones touchées par la fièvre Ebola en Guinée. La Croix-Rouge a formé quelque 3.500 volontaires dans les trois pays les plus touchés. Elle prévoit d'en former au total plus de 5.600. Pour sa part, la Chine a accordé dernièrement plus de 32 millions de dollars d'aide humanitaire supplémentaire à destination des pays africains et des organisations internationales pour la lutte contre le virus Ebola, tandis que la France a mobilisé une aide de neuf millions d'euros à la Guinée pour créer une antenne de l'Institut Pasteur et un centre de traitement d'Ebola. Et, la Commission européenne a exhorté les Etats membres de l'UE à rattraper "le temps perdu" dans la lutte contre Ebola et dégagé de nouvelles contributions, notamment dans le cadre de la centralisation des évacuations sanitaires. L'OMS estime désormais à neuf mois le temps nécessaire pour enrayer l'épidémie, avec des besoins chiffrés à près de 500 millions d'euros. Sur le terrain, Human Rights Watch (HRW) a appelé lundi les gouvernements des trois pays principalement touchés par Ebola à s'assurer que les mesures prises pour endiguer l'épidémie, telles que les quarantaines, "respectent les droits fondamentaux".