Saïd Barkat, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a encore une fois, lors de l'ouverture des travaux d'un forum régional consacré aux «soins de haut niveau» à Annaba, abordé le projet de réalisation de l'agence de don d'organes. Ce projet, initié depuis dix ans, aurait permis une meilleure prise en charge des nombreux malades inscrits sur la liste d'attente. Contacté par nos soins, le docteur Tahar Rayane, président de la Société algérienne de néphrologie, de transplantation et de dialyse et président du Comité nationale de néphrologie a expliqué que l'établissement qui accueillera l'agence est déjà localisé au niveau de l'Institut des reins à Blida, ajoutant que le retard cumulé n'est pas un retard technique, mais plutôt «politique». Il s'agit, en effet, d'une dispute autour de la présidence de la direction de l'entité prévue. Selon la même source, la création de cet outil va améliorer nettement ce volet médical. Il y a lieu de noter qu'une grande insuffisance est enregistrée sur ce plan. De même que la plupart des dons enregistrés jusqu'à l'heure actuelle ont été faits par des parents, conformément à la loi en vigueur, et peu de prélèvements cadavériques ont été effectués. M. Rayane a indiqué, par ailleurs, que son équipe a organisé plusieurs campagnes de sensibilisation, dans le but de booster le don d'organes et impliquer l'ensemble de la société, car la loi algérienne stipule que le citoyen doit se prononcer avant sa mort. La carte de donneur doit être portée par son propriétaire avec ses papiers d'identité. En cas de décès, il est immédiatement transporté à un hôpital pour le prélèvement d'organes. Cette opération permet de gagner du temps, consacré à la demande d'autorisation des parents, conformément à la loi en vigueur. Actuellement, 500 personnes uniquement possèdent une carte de donneurs. Il y a lieu de rappeler qu'il existe un projet, également, de carte de refus de don. C'est un projet de la société sus-citée qui l'a soumis au ministère de la Santé. Ces cartes permettraient, ainsi, de connaître la position de chacun sur cette question et le problème de prélèvement cadavérique ne se posera plus. Interrogé sur les transplantations effectuées en Algérie, le docteur Rayane a précisé qu'il s'agit des transplantations rénales à raison de 150 par an, de cornées à raison de 200 par an et de la moelle osseuse, qui sont opérés dans les centres hospitalo-universitaires. Les cornées sont généralement importées d'Europe. Dans ce cadre, M. Rayane a précisé qu'une banque nationale de donneurs sera mise en place, pour une meilleure gestion. Donner un organe (foie, rein, cornée...) à une autre personne ou son prélèvement d'un cadavre demeure un sujet tabou dans notre société, même si la vie de plusieurs personnes en dépend.