Après la révision exceptionnelle de la liste électorale et l'épuisement des délais de réclamation et de recours, intervenus le 7 mars, le nombre des inscrits sur la nouvelle liste électorale s'élève à 5550 électeurs, contre 4935 lors de la révision exceptionnelle réalisée en octobre 2008. Au niveau du consulat d'Alicante, dont dépend le sud et le sud-est de l'Espagne, le nombre des inscrits s'élève à 10 579 à la date du 7 mars, contre 9685 à la fin octobre 2008. Une émigration qui est loin d'égaler en nombre le reste des communautés algériennes en Europe, mais dont la mobilisation pour le scrutin qui s'ouvre demain, et ce, sur six jours, jusqu'au dépouillement du vote, le 9 avril au soir, est impressionnante. Tôt hier matin, les membres de la dizaine de bureaux de vote fixes ou itinérants prévus à travers tout le territoire espagnol ont pris le chemin des localités les plus éloignées où se trouvent concentrés les foyers principaux de notre communauté en Espagne. L'ambassade a ouvert trois bureaux de vote fixes à Madrid (siège de l'ambassade), à Logroño et à Pamplona, et deux bureaux de vote itinérants à Burgos et à Vitoria Gasteuz. Le consulat d'Alicante en a fait de même. A l'intérieur comme devant le siège de l'ambassade à Madrid, hier, l'activité était intense. Une ambiance particulière. Pour la circonstance, la télévision algérienne était là, à Madrid, d'où sont parties quatre équipes, composées de diplomates et de ressortissants algériens établis en Espagne, en charge de ces bureaux pour se rapprocher au maximum des villes et villages où sont concentrés les membres de la communauté nationale. Une immigration adaptée au marché du travail Des images qui rappellent un peu, par l'ambiance qu'elles renvoient, le mouvement des équipes des bureaux de vote itinérants qui sillonnent, à chaque scrutin, le grand sud du pays et les circonscriptions les plus difficiles d'accès à travers le territoire national. Cette expérience a déjà été lancée lors des dernières élections législatives où ces mêmes bureaux se sont déplacés à Pamplona, Burgos, Logroño ou Guadalajara, parfois dans des endroits très isolés, vu que la main-d'œuvre algérienne active surtout dans le secteur agricole. «La prise de conscience de l'enjeu de ces élections est certaine, car un grand travail de sensibilisation a été fait par l'ambassade et le consulat d'Alicante», estime un ressortissant algérien venu hier à Madrid de Burgos (340 km au nord de Madrid) pour actualiser son dossier consulaire. Arrivé au moment où les diplomates prenaient le départ vers le nord, sa région, il lance en direction d'un chauffeur : «Prudence sur la route du nord, mon frère. On se verra, demain Inchallah, à Burgos.» La tâche des bureaux itinérants ne sera pas facile. En Espagne, l'immigration algérienne est différente de celles en la France, en Belgique et même au Canada. Plus récente, en majorité composée de célibataires, elle est éparpillée et très mobile. Elle cherche constamment à s'adapter à la demande du marché du travail en Espagne, principalement dans le secteur agricole, en fonction des saisons, en fait là où il y a de l'embauche. Du travail en 2009, il y en a moins que jamais en Espagne où, selon des statistiques officielles publiées hier, il y a 3,6 millions de chômeurs, soit 1,4 million de plus depuis le début de la crise économique, apparue au second semestre 2007. Beaucoup d'Algériens ayant perdu leur emploi durant ce laps de temps ont quitté leur fief traditionnel pour prospecter ailleurs les possibilités d'embauche. Remarquable travail de sensibilisation D'autres ont préféré retourner provisoirement au pays, où la vie est beaucoup moins chère, en attendant des jours meilleurs. «Au pays, il y a du travail, les chantiers sont partout», dit Kada, père de famille résidant à Cuenca (150 km au sud de Madrid), dont la fille, Lhaouaria, 18 ans, votera pour la première fois. «Je l'ai inscrite à la fin de l'année sur la liste électorale», dit ce maçon originaire d'El Amria (Aïn Témouchent) de 48 ans qui envisage sérieusement de retourner au bled. Malgré toutes ces difficultés objectives, le remarquable travail de sensibilisation par des contacts suivis avec la communauté nationale laisse supposer une forte participation au scrutin du 9 avril. Une participation plus importante que jamais est attendue au regard de ce travail de proximité sur le terrain. Les milliers de ressortissants algériens ont joint l'ambassade et le consulat d'Algérie à Alicante après avoir reçu les deux lettres personnalisées que leur avait adressées l'ambassadeur Mohammed Haneche pour annoncer leur présence sans faute dans l'un des bureaux de vote fixes ou itinérants. Particulièrement sensibilisés sur l'enjeu de ce scrutin pour l'avenir du pays et apparemment bien instruits des informations pratiques liées à la préparation et au déroulement des prochaines élections présidentielles fournies par l'ambassadeur, ils se sont dit prêts à se rendre à l'un des bureaux les plus proches. «Pour le jour je ne sais pas, celui de mon repos, samedi, lundi, mais sûrement avant le jeudi», disent-ils au service consulaire. Le travail de sensibilisation des membres de la communauté nationale a par ailleurs porté sur l'utilisation des médias espagnols, à travers notamment des interviews de l'ambassadeur par des radios locales connues pour leur excellent niveau d'audience parmi l'immigration établie en Espagne. Enfin, l'ambassadeur s'est déplacé dans les régions à forte concentration algérienne pour y rencontrer les ressortissants vivant dans ces régions, comme il a eu des contacts suivis avec les représentants des associations algériennes implantées dans ces mêmes régions. Hier à Madrid et à Alicante, l'encadrement du scrutin était optimiste : le niveau de participation aux élections qui s'ouvrent aujourd'hui sera bien supérieur à celui réalisé lors des précédentes échéances électorales.