Bien que l'homme puisse se marier autant de fois qu'il le souhaite, le code de la famille aidant, il peut même «disposer» jusqu'à quatre femmes en même temps, la femme, quant à elle, est sommée de réussir son mariage au premier coup, fut-il contre son gré, ce qui l'est dans la plupart des cas puisque le choix du partenaire lui échappe totalement. Aussi, toute divorcée, surtout jeune, voit son horizon se rétrécir beaucoup plus. Hamama L., non seulement elle a fait voler en éclats cette règle érigée en us, elle a réussi un record qui ne peut être égalé facilement, pour ne pas dire impossible à pulvériser. Notre campagnarde, issue d'Agouni Fourrou, l'un des plus vastes et plus populeux villages des Ouacifs, région reculée sous forme de cul-de-sac juste au pied de l'imposante et majestueuse façade du Djurdjura, s'est payé le risque, c'en est un dans notre société, de se marier la bagatelle de douze fois. Et sa prouesse ne s'arrête pas là. Son premier mariage remonte à sa tendre enfance puisqu'on l'a «donnée» à l'âge de huit ans, son plus réussi mariage n'a duré que deux ans et a dû rejoindre le domicile familial au septième jour de son quatrième mariage, dit-on. On affirme qu'elle se serait même mariée une treizième fois n'était la subite maladie qui a eu raison d'elle. Une foule nombreuse, parmi laquelle nombre de ses ex-maris, a assisté aux funérailles de na Hamama qui, comble de tout, ne laissera pas d'enfants, léguant toutefois un record qu'elle ne savait point de dimension planétaire pour bien longtemps. Notre world recordwoman avait aussi une bien singulière caractéristique, elle prenait du tabac à chiquer et un de ses cousins, aujourd'hui lui aussi disparu, poète de talent, l'a immortalisée dans l'une de ses chansons que l'on continue encore de nos jours à entonner de génération en génération. Comme quoi, et contrairement à la maxime, on peut bien être prophète en son pays.