Fraîchement qualifié pour la CAN 2015 avec l'Algérie, Djamel Mesbah connaît un début de saison en fanfare sur tous les points. Son nouveau club, la Sampdoria, est troisième de Serie A. Entretien avec un joueur qui a vécu une année 2014 un peu dingue, de Livourne au Brésil. L'Algérie vient tout juste de valider son billet pour la CAN 2015. Comment se sont passées les festivités ? Bien, on n'a pas trop pu faire la fête parce que c'était en semaine, juste un peu dans le vestiaire et après on est tous repartis vers nos clubs respectifs. On est vraiment soulagés de cette qualification, en plus on a fait 4 victoires en 4 matchs. Très propre. La question est, est-ce que les Algériens de France ont pu fêter cette qualif' ? Ah ! Ah ! je ne veux pas faire de politique. On a notre fierté et notre manière de fêter. Je pense qu'ils ont fait ça «différemment», je leur fais confiance. L'après-Mondial 2014 est quand même mieux géré que l'après-Mondial 2010... Tout à fait et j'étais dans les deux. En 2010, on n'avait pas réussi à se qualifier pour la CAN 2012 avec cette défaite au Maroc qui fait très mal et dont on se souvient encore. Le groupe avait changé, c'était la fin d'une génération, tandis qu'aujourd'hui, c'est la même ossature qu'au Mondial et le groupe continue d'évoluer ensemble. Le gros risque, justement, c'était la décompression post-Coupe du monde... C'est ça, le match le plus difficile, c'était la rencontre en Ethiopie, il fallait se remettre dans le bain et le quotidien du foot africain. Mais on a insisté sur le fait de bien se concentrer. C'est une victoire qui fait du bien et qui a démontré qu'on était une équipe mature, capable de gagner en déplacement dans des conditions difficiles. Tu es conscient que vous êtes les favoris pour la CAN et que, d'une certaine façon, vous devez rendre «légitime» votre Coupe du monde par un titre continental ? Oui, c'est sûr, mais il ne faut pas s'enflammer, pas comme en 2013 où on était favoris alors qu'on est sorti au 1er tour. On avait bien joué, mais on avait clairement manqué de réalisme. Là, on fait partie des meilleures équipes d'Afrique, mais on n'y pense pas trop. On garde les pieds sur terre et on essaie de se remettre en question. C'étaient des qualifs de la CAN sous le signe du virus Ebola, comment avez-vous géré ça ? Tu y penses un peu comme tout le monde, mais rien de plus. Là, ils parlent de reporter la CAN, on verra au mois de novembre quand ils prendront la décision. À l'inverse, quand on est international africain, c'est l'occasion de voir des pays où on n'irait jamais en tant que touriste... Ça c'est clair, ça fait découvrir l'Afrique et ça t'oblige à te remettre en question. Par exemple, la République centraficaine m'a marqué, il y avait beaucoup de misère là-bas. En revanche, le Rwanda m'a surpris, c'est un pays qui a connu un dur conflit, mais tout était propre. Comment s'est passée la transition Vahid-Gourcuff ? Ils sont différents : caractère, tactique, gestion de groupe, mais on s'est bien adaptés et inversement. Je suis content de retrouver Gourcuff, que j'ai connu à Lorient en 2006. Je n'étais resté en prêt que deux mois avant de rentrer à Bâle pour me soigner, mais oui, très content de le revoir et c'était réciproque. Ça facilite aussi le relationnel. Dans la dernière liste des convoqués, la Serie A était le championnat le mieux représenté avec toi, Belfodil, Taider et Ghoulam... C'est une bonne nouvelle, on est fiers. C'est une chose positive pour l'équipe nationale, car on ramène notre culture du football italien. En parlant de Serie A, ton aventure à la Sampdoria débute bien ? Mais je ne suis pas surpris, déjà l'an dernier ça tournait bien, il y avait cette même ossature. On est un bon groupe et ce n'est pas des paroles en l'air, il y a vraiment une vraie harmonie. Avec un sacré coach, direct, qui m'a d'ailleurs personnellement voulu et qui suit tout le monde, du premier au dernier. On est troisièmes après 6 matchs, à seulement un point de la Roma. Bon, maintenant, on va jouer les gros, donc on fera le point dans un mois. Pendant ton absence, Gênes a connu de graves inondations pour la deuxième fois en trois ans. On parle d'une mobilisation du monde du football, vous pouvez vraiment aider la population, vous les footeux ? Oui, et pas seulement avec un soutien économique, mais aussi psychologique. Moi, de mon côté, il n'y a pas de soucis pour donner un coup de main. Même si, en réalité, tu ne peux pas faire grand-chose, quand ce sont des catastrophes naturelles ou des enfants malades, que ce soit à Gênes, en Afrique, dans le monde arabe. Tu fais ton maximum, donc si tout le monde donne un peu, c'est très bien. Un petit mot sur ton expérience au Milan qui a duré un an. Quand on voit qui a joué après toi au poste d'arrière gauche entre Constant et Emanuelson, tu ne te dis pas que tu es parti trop tôt ? J'aurais pu rester, on ne m'a pas mis à la porte. La première année s'était bien passée, mais ensuite je me suis blessé et il y a eu la CAN. J'aurais dû être plus patient peut-être. Mais je n'ai pas de regrets, j'assume mon choix. Moi, je suis comme ça, quand je sens que je ne fais plus partie du projet, je préfère partir, alors qu'il y a des mecs qui restent, qui ne jouent pas et qui perdent leur temps. D'ailleurs, tu n'étais pas le premier Algérien du Milan, tu es au courant ? Si si, il y avait… comment il s'appelle, Boussouffa ! Non non, Beloufa ! Tu as des nouvelles ? Ah bah non, je ne vois pas comment puisqu'on ne s'est jamais connus (Rires).