Avec un taux de fréquentation jugé très important et un programme d'animation diversifié mais loin de faire l'unanimité, le 19e Salon international du livre d'Alger (Sila) aura différemment répondu aux attentes du grand public et des professionnels, qui s'accordent à souhaiter, pour le futur, un meilleur niveau qualitatif dans l'organisation. Ouvert depuis le 30 octobre, le Sila--qui a le grand mérite d'exister et d'attirer de plus en plus de monde--aura accueilli des hôtes d'horizons divers, allant des étudiants en quête d'ouvrages spécialisés, aux familles à la recherche de livres parascolaires, en passant par des lecteurs friands de littérature ou d'ouvrages à caractère religieux. L'événement littéraire de l'année, comme aiment à le qualifier certains, a aussi été l'occasion pour les professions libérales (avocats, médecins, enseignants...) de "faire le plein" d'ouvrages en rapport avec leurs professions, et généralement indisponibles à l'année dans les rares librairies existantes. Mais force est de constater que cette diversité dans la fréquentation ne s'est pas toujours avérée compatible avec les produits proposés par les quelque 900 exposants (dont plus de 250 algériens), selon des visiteurs, repartis bredouilles en raison de l'indisponibilité des ouvrages recherchés ou à cause de leurs prix jugés "plus élevé qu'en librairie" par certains. En plus de l'exposition de livres, le Sila a également proposé une séries de rencontres, aux thématiques certes diversifiées, mais qui peinent encore à attirer les visiteurs -pourtant très nombreux dans les allées du salon-faute de visibilité et de communication autour de leur tenue. Consacrées aux célébrations du 60e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, fil rouge de ce 19e Sila, et passerelles entre littérature, journalisme et cinéma, ces rencontres ont été faiblement suivies par un public visiblement peu intéressé par les thèmes proposés. Seule exception notable, la rencontre "Des noms et des lieux", réservée deux jours durant aux origines des noms propres algériens, était une curiosité qui aura fait mouche en terme d'affluence. Cette faible adhésion du public aux animations a également été constatée dans "l'espace jeunesse" du Sila, une nouveauté réservée aux éditeurs spécialisés, qui aura été carrément boudée par les enfants, plus attirés par les spectacles de clown et de conteurs qui se tenaient à l'entrée du pavillon. Les parents ont déploré, de leur côté, des animations qu'ils jugent "inadaptées", souhaitant, par exemple, "une initiation des enfants à la lecture", des ateliers d'écriture ou un espace bibliothèque, pour rester dans la philosophie d'un salon du livre. Une plus grande implication des professionnels souhaitée Si elle ne contente pas toujours les visiteurs du Salon, la programmation est aussi mise à l'index par des professionnels qui souhaitent être davantage "impliqués" dans sa conception. Ainsi, des éditeurs comme Asia Baz (éd. Quipos) et Lazhari Labter, directeur des éditions éponymes, ont émis le souhait de voir leurs auteurs participer aux différentes conférences qu'ils jugent "réservée davantage aux écrivains étrangers et aux auteurs algériens connus". En plus de demander une "meilleure promotion des petits éditeurs", ces professionnels appellent les organisateurs à "mieux communiquer sur le Salon et sur son programme d'animation". D'autres participants ont déploré "le peu de rencontres" réunissant des professionnels algériens et étrangers dont ils pourraient, souhaitaient-ils, "tirer profit" par l'échange instructif. Plus généralement, ces professionnels en appellent à une préparation plus longue du Sila, ce qui pourrait se faire "immédiatement après la fin de chaque édition et non plus deux mois avant", suggèrent-ils. Surtout qu'il est temps, s'accordent-il à dire, de "hisser le Sila au niveau des grandes rencontres internationales", à l'approche de son vingtième anniversaire.