Les prix des produits alimentaires de base notamment les légumes et les fruits n'ont pas baissé en ce mois d'avril où les Algériens ont rendez-vous, aujourd'hui, jeudi 9 avril avec l'élection présidentielle. La mafia des légumes a frappé les poches du plus grand nombre comme si elle est en mission pour le compte de quelques coteries interlopes poussant les Algériens à ne pas aller aux urnes. «Nous allons voter librement, et nous dénonçons ces rapaces qui se sentent maîtres d'un pays qu'ils n'aiment pas en dépit de sa générosité envers eux», nous confiait un ami optimiste. Mieux encore, pour démontrer leur statut de «supposés intouchables», les commerçants grossistes et détaillants ont soufflé sur la braise lundi dernier, lorsque la patate affichait dans les marchés de gros les 100 dinars. D'autres légumes très prisés ont frôlé des niveaux impossibles. Les prix des viandes n'ont pas baissé également, et la ménagère fait avec, se résignant comme le petit peuple qui va voter malgré tout, au diktat de la mafia des marchés. Les directives des hautes autorités du pays pour moraliser un tant soit peu les marchés, n'ont pas été entendues par une faune d'affairistes qui n'ont aucun sentiment pour les plus faibles. Et dire que ces gens-là sont les premiers à se diriger une fois leurs forfaits accomplis, vers les lieux de prière. Il faut dire que les autorités occupées à préparer le rendez-vous, n'ont pas agi ouvertement contre les rapaces qui dépècent sans scrupules les petites bourses. La loi relative à la protection du consommateur doit être durcie davantage et surtout, mise en œuvre scrupuleusement.La régulation du marché des produits agricoles, et à l'avenir, des viandes et autres denrées de première nécessité, doit être assumée par les pouvoirs publics. L'Etat engage annuellement près d'un milliard de dollars en soutien à l'agriculture, pour développer la production, améliorer les conditions de vie des agriculteurs, mais aussi dans le but d'avoir des résultats sur le coût de la vie au profit de toute la population. Les dettes des agriculteurs ont été effacées, pour les encourager à produire. Eux, ils produisent mais ne font pas les prix de leurs récoltes. Pour être plus précis, les producteurs ne sont pas responsables de la cherté de leurs produits, et ce sont les nombreux intermédiaires qui fixent les prix, usent et abusent de la mercuriale. L'Etat a inscrit la régulation de la distribution des produits agricoles de base parmi les objectifs majeurs du soutien public à l'agriculture. Le problème donc, ne vient pas des producteurs, mais des intermédiaires qui exploitent le travail des premiers et gagnent sur tous les bords, au détriment surtout du consommateur. Le plus souvent, les sociétés commerciales activent dans l'illégalité. C'est-à-dire dans l'anonymat, n'étant pas déclarées. Les pouvoirs publics ont peiné à assainir cette situation qui malheureusement, échappe à leur autorité du fait que les spéculateurs n'ont pas de moralité, dopés qu'ils sont, par la frénésie du dinar. Ils agissent dans le marché informel, que l'Etat n'arrive toujours pas à éradiquer. Selon l'union des commerçants et artisans, le nombre de personnes qui exercent dans l'informel dépasse les 1 500 000 à l'échelle nationale, alors que 1 250 000 commerçants exercent leur activité dans un cadre légal avec un registre de commerce. C'est là une situation qui confirme que plus de 62% du marché national serait informel. Il faut savoir que quelque 30 000 sociétés commerciales ne sont pas déclarées et activent sans siège social, selon des statistiques officielles récentes. Comment en est-on arrivé là ? Aujourd'hui résigné face au niveau des prix, le consommateur aspire seulement à protéger sa santé devant la multitude de produits suspects mis sur le marché. N'a-t-on pas importé de la patate que même les animaux n'osent pas renifler ? Quelque 20 000 infractions touchant à la qualité, aux prix et à la fraude sont comptabilisées par les services de contrôle à travers le pays chaque mois. D'après le ministère du commerce, le gros des infractions enregistrées sont liées au non respect des règles d'hygiène, à l'exposition de produits impropres à la consommation, à la détention de produits non conformes aux normes et à l'étiquetage. Les services de contrôle ferment des centaines de locaux commerciaux et saisissent des marchandises. Ils constatent des infractions liées aux pratiques commerciales non facturées, mais aussi au non affichage des prix. Cette pratique dénote de la lâcheté des commerçants qui voient en tout client, un contrôleur. Si les commerçants refusent d'afficher les prix, c'est pour les fixer selon leur humeur du moment. Les services de contrôle doivent donc, redoubler d'efforts et de mobilisation notamment pour protéger le pouvoir d'achat et la santé de la population des méfaits des prédateurs véritables qui ne respectent ni les préceptes de la religion musulmane ni même un minimum d'esprit civique, et qui transforment le quotidien de l'Algérien, en enfer. Ces gens-là se considèrent toujours comme des intouchables. D'ailleurs, nombreux sont les pauvres contrôleurs encore honnêtes qui ont été agressés pour avoir fait leur travail. Aujourd'hui, nous allons voter contre cette faune d'affameurs du peuple, et appelons le nouveau président de la République, à sévir contre les charognards de tout bord. Tous les candidats à ce scrutin ont promis durant la campagne électorale de lutter contre les fléaux sociaux. Ceux qui font et défont le marché et par conséquent, mettent en cause la paix sociale, doivent être combattus comme de vulgaires malfaiteurs. Alors, joignons nos voix contre ces individus sans honneur.