Photo : Riad Par Abderrahmane Semmar Décidément, plus rien n'arrête la flambée des prix des fruits et légumes. D'une semaine à une autre, les prix de ces produits de large consommation connaissent une envolée effrayante. A l'heure où les candidats à l'élection présidentielle du 9 avril «bombardent» l'opinion publique par des promesses enchanteresses, les citoyens se retrouvent, quant à eux, livrés à eux-mêmes face à la désagrégation pure et simple de leur pouvoir d'achat. Passé sous silence par les pouvoirs publics, cette cherté anormale des fruits et des légumes alimente un profond sentiment de colère, visible chaque jour sur les mines renfrognées de nos citoyens, qui repartent, la scène est désormais très récurrente, des marchés de proximité le couffin vide. Pour constater cette réalité qui donne froid dans le dos il suffit juste de faire une tournée dans les marchés de la capitale ou des autres grandes villes du pays. Si les prix de la pomme de terre ont atteint un niveau record depuis une année et demie, le prix d'un kilogramme de pomme de terre avoisine aujourd'hui les 90 dinars, voire 100 DA dans quelques régions, les autres légumes ne sont pas en reste puisque leurs prix ne cessent nullement de s'affoler. Pour preuve, si le navet coutait il y à peine 3 jours 40 DA, en ce moment, son prix ne s'affiche guère à pas moins de 80 DA sur les étals des marchés. La carotte est passée elle-aussi, durant la même période, de 40 à 60 DA. La tomate a dépassé carrément les 100 DA puisqu'elle se négocie aujourd'hui à 120 DA. Terrible et étrange augmentation lorsque l'on sait que le prix de celle-ci avoisinait à peine les 70 DA il y a une semaine. Le même constat est à dresser concernant le poivron qui est passé de 100 à 140 DA, ou l'oignon, les fèves et la betterave dont les prix ont doublé, en l'espace d'une semaine, pour passer de 30 à 60 DA ! Les fruits n'échappent pas aussi à la règle et demeurent, eux aussi, inaccessibles pour les bourses modestes. Et pour cause, avec un kilo de pomme à 170 DA, un kilo de fraises à 300 DA et d'oranges à 100 DA, acheter des légumes est devenu, pour le commun des Algériens, un véritable luxe que seuls les plus aisés peuvent se permettre. Inexpliquée, cette flambée l'est toujours, même si des voix commencent à s'élever pour dénoncer la main manipulatrice d'une mafia qui défend des intérêts occultes. A ce propos, l'Union générale des agriculteurs algériens (UGAA) vient de jeter un véritable pavé dans la mare en expliquant, dans les colonnes de la presse nationale, la hausse des prix de la pomme de terre par la «disparition soudaine» d'importantes quantités des marchés de gros, à l'approche du rendez-vous électoral. De son côté, M. Allioui, secrétaire général de l'UGAA, n'est pas allé de main morte pour épingler ces «cercles occultes», accusant ouvertement ces spéculateurs méconnus d'entreprendre une campagne contre la présidentielle en retirant de grosses quantités de pomme de terre pour porter atteinte à la crédibilité du gouvernement et de l'Etat. Un complot qui viserait, explique encore M. Allioui, «de mettre à sec les citoyens algériens en plus d'une pression sociale lors de la campagne électorale pour focaliser l'attention des citoyens sur les prix». S'agit-il d'un scénario vrai ou d'une pure fiction ? Quoi qu'il en soit, une vive polémique s'est déclenchée à ce sujet. Et en attendant des mesures concrètes du gouvernement pour contrer les ravages de cette flambée, c'est toujours les citoyens aux revenus modestes qui paient les pots cassés. Car cette mercuriale en folie leur donne, plus que jamais, le tournis. Jusqu'à quand cela va-t-il durer ?