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Or noir : Le brut chute au plus bas depuis septembre 2010 à New York et à Londres
Publié dans Le Maghreb le 15 - 11 - 2014

Les prix du pétrole ont chuté à leur plus bas niveau en quatre ans avant-hier à New York et à Londres, plombés par l'abondance de l'offre pétrolière mondiale, notamment aux Etats-Unis où la production bat des records, et la morosité de la demande.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en décembre a plongé de 2,97 dollars, à 74,21 dollars, clôturant à son plus bas niveau depuis le 17 septembre 2010 sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre, dont c'est le dernier jour de cotation, a dégringolé de 2,46 dollars, à 77,92 dollars, sur l'Intercontinental Exchange (ICE), à son plus bas depuis le 7 septembre 2010. C'est la première fois depuis ce mois-là que la référence londonienne finit sous le seuil très surveillé de 80 dollars.
"La nouvelle chute des prix peut être attribuée à plusieurs raisons aujourd'hui, dont le nouveau record de production des Etats-Unis, qui a dépassé le niveau psychologique des neuf millions de barils par jour" au cours de la semaine précédente "et le bond des réserves du terminal de Cushing", a expliqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.
Les Etats-Unis ont produit 9,063 millions de barils par jour (mbj) au cours de la semaine achevée le 7 novembre, soit un record depuis janvier 1983 au moins, lorsque le département américain à l'Energie (DoE) a commencé à publier ces statistiques, selon les chiffres du ministère publiés jeudi.
Surveillées de près par les courtiers, les réserves du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, centre-sud), qui servent de référence au pétrole échangé à New York, le WTI, ont, elles, bondi de 1,7 million de barils, à 22,5 millions de barils.
La production américaine a été dopée ces dernières années par l'essor des techniques d'extraction pétrolière non conventionnelles et a plus que doublé depuis ses plus bas atteints au cœur de la crise financière en 2008, sur un rythme hebdomadaire.
Même si les Etats-Unis n'exportent pas leur brut, cette forte hausse de la production américaine se répercute sur le marché mondial, puisqu'elle permet au pays de réduire ses importations et force ses anciens fournisseurs à trouver d'autres débouchés -- ce qui aggrave la surabondance d'offre sur le marché mondial.
Couplée à une demande fragile au moment où l'économie mondiale peine à se redresser et à un renforcement du dollar, cette surabondance d'offre pèse depuis des mois sur les cours du pétrole, qui ont perdu près d'un tiers de leur valeur depuis la mi-juin.
"C'est assez frappant de voir que les marchés continuent à chuter de cette façon mais clairement les nouvelles économiques mondiales n'aident pas et en parallèle, le boom de la production américaine et le renforcement de l'offre libyenne ont provoqué une volte-face sur le marché depuis juin", a poursuivi M. Lipow.
Récemment, la pression baissière a été accentuée par le fait que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ne semble pas décidée à réduire sa production lors de sa prochaine réunion prévue le 27 novembre à Vienne.
Dans un tel contexte, les prix du pétrole n'ont pas été rassurés par la baisse surprise des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière (-1,7 million).
Les réserves de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont reculé de 2,8 millions de barils, et les stocks d'essence ont gonflé de 1,8 million de barils.

Nombreux pays perdants
Comme le soulignent les analystes de Commerzbank, les derniers commentaires mercredi du très écouté ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, n'ont pas permis de clarifier la position du chef de file du cartel.
Tout ce qu'il a dit est qu'il voulait un marché du pétrole stable, des prix solides et ne pas s'engager dans une guerre des prix. Autrement dit, tout serait bien aux yeux d'al-Nouaïmi si les prix se stabilisaient au niveau actuel, ont-ils estimé.
Ces derniers mois, l'Arabie saoudite a réduit à plusieurs reprises ses prix de vente en Europe et en Asie et plus récemment aux Etats-Unis, ce que les observateurs ont interprété comme une volonté de sauvegarder ses parts de marché plutôt que d'essayer d'enrayer la glissade des prix de l'or noir.
Mais d'autres membres du cartel ont publiquement montré leur désaccord avec le niveau actuel des prix, qui menace leurs finances publiques.
Nombreux sont les pays perdants. On pense à la Russie et à tous les membres de l'Opep hors péninsule arabique, comme le Venezuela, l'Algérie et le Nigeria. Ces pays ont besoin d'un prix du pétrole bien plus élevé, autour des 100 dollars, pour alimenter la croissance et éviter un déraillement du déficit budgétaire, a expliqué M. Dembik.
Comme le souligne cet analyste, le marché pétrolier est entré dans un nouveau paradigme depuis l'émergence du pétrole de schiste aux Etats-Unis.
La première économie mondiale est passée d'une production moyenne de cinq millions de barils par jour (mbj) en 2008 à près de 8,4 mbj sur les huit premiers mois de cette année, grâce à l'exploitation des ressources non conventionnelles d'hydrocarbures.
Même si les Etats-Unis n'exportent pas de pétrole brut, cette forte hausse de la production américaine se répercute sur le marché mondial, puisqu'elle permet au pays de réduire ses importations, forçant ses anciens fournisseurs à trouver d'autres débouchés.
Le cas du Nigeria est particulièrement emblématique, le pays n'ayant fourni aux Etats-Unis qu'environ 1 500 barils par jour au mois d'août, contre 30 000 barils par jour en août 2010.


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