Les prix du pétrole se reprenaient timidement hier en Asie en raison d'achats à bon compte après un nouveau décrochage marqué la veille, sur fond d'inquiétudes pour la demande mondiale. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en novembre prenait cinq cents, à 81,89 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance s'appréciait de 39 cents, à 85,43 dollars. "La baisse des prix du pétrole devrait être une bonne chose pour l'économie mais une conjugaison de difficultés comme l'épidémie d'Ebola, le ralentissement de la croissance en Chine et en Europe priment pour le moment", relevait Desmond Chua, analyste chez CMC Markets à Singapour. Pour DBS Bank, une forte source d'inquiétude tient à l'atonie de l'activité en Europe et en particulier dans les pays moteurs de la région, France, Allemagne et Italie. "On ne parle plus du Portugal et de la Grèce. Ce sont les grandes économies qui se contractent", soulignait la banque de Singapour. L'Arabie saoudite (chef de file du cartel) ou l'Irak semblent préoccupés par leurs parts de marché face à une explosion de la production en hydrocarbures liquides des Etats-Unis notamment, puisqu'ils ont récemment réduit les prix pratiqués à leurs clients. Même si les Etats-Unis n'exportent pas leur brut depuis un embargo pétrolier datant de 1975, en dehors de quelques exceptions, la montée en puissance de leur production pétrolière depuis l'essor du schiste, déséquilibre le marché mondial. Cela force en effet leurs anciennes sources d'importations à trouver d'autres débouchés sur un marché déjà bien approvisionné. En outre, l'exportation de produits raffinés échappe à cette interdiction et les ventes américaines dans ce domaine sont proches de records vieux de 40 ans. La veille, les cours du pétrole ont enregistré une très forte chute mardi à New York et à Londres, emportés dans une spirale baissière affectant le marché depuis juin, sur fond de surabondance de l'offre et de craintes sur la demande mondiale en brut. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en novembre a perdu 3,90 dollars, à 81,84 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), à son plus bas niveau depuis le 28 juin 2012. Il s'agit aussi de la plus grosse chute en pourcentage (4,5%) des prix de l'or noir coté à New York sur une séance depuis novembre 2012, selon l'agence de presse Dow Jones Newswires. A Londres, les prix du baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance ont aussi décroché, reculant de 3,85 dollars pour s'établir à 85,04 dollars, un plus bas depuis novembre 2010. Les prix ont dégringolé de près de 24% depuis mi-juin à New York, tandis qu'à Londres ils ont perdu près de 27% sur cette période. "Les nouvelles prévisions de l'AIE (l'Agence internationale de l'Energie, ndlr) qui a revu en baisse ses attentes pour la demande mondiale en 2014 et en 2015, combinées à l'absence d'appel à une réunion d'urgence de l'Opep", l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, ont précipité une nouvelle chute des prix, a expliqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. "Le marché semble avoir capitulé. D'importants seuils techniques ont été franchis au cours des dernières semaines et tout porte à croire que la chute (des prix du pétrole) n'est pas prête de s'arrêter à moins d'une action rapide de l'Opep", a jugé Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque. D'autres experts, comme Carl Larry, de Oil Outlooks and Opinion, estiment toutefois que les prix ne devraient pas descendre sous la barre des 80 dollars. Par le passé, l'Opep, qui pompe un tiers du brut mondial (environ 30 mbj), a pu moduler son offre pour maintenir les prix du brut à un niveau qui lui convenait. Mais récemment, ses membres, qui se réunissent le 27 novembre à Vienne, n'ont pas manifesté de volonté unanime de réduire leur production, des dissensions apparaissant même entre eux. Certains, comme le Venezuela (qui a demandé ce weekend la convocation d'une réunion d'urgence), voudraient freiner la baisse des prix.