La culture de nouvelles variétés de sorgho, économes en eau et à haut rendement, commence à voir le jour en Algérie au bénéfice des éleveurs laitiers qui pâtissent d'un déficit fourrager, principal frein à la production nationale en lait. Ces variétés hybrides, comme en témoignent des techniciens agricoles qui ont effectué des essais au profit des agriculteurs, peuvent même remplacer certaines cultures fourragères grandes consommatrices d'eau comme le maïs. En matière de rendement et de consommation d'eau, "les nouvelles semences hybrides de sorgho présentent des avantages comparatifs par rapport au maïs fourrager", explique à l'APS un responsable auprès de la société algérienne Agro consulting international (ACI), Mourad Allam. Ces nouvelles variétés de sorgho sont actuellement cultivées à Maghnia, à Béjaïa, à El Oued, à Mostaganem et à Tiaret, selon M. Allam qui table sur un "réel décollage" de cette culture en 2015. Non seulement les besoins en irrigation du sorgho représentent la moitié de ceux du maïs, mais ce fourrage est peu exigeant en fertilisation, assure-t-il. Cet expert évalue l'engouement exprimé par les éleveurs pour ces nouvelles variétés céréalières à travers l'écoulement de toutes les quantités de semences importées en 2014 et dont les rendements obtenus atteignent jusqu'à 100 tonnes par hectare. Ces nouvelles variétés de sorgho ont couvert une superficie de 10.000 ha en 2014, qui devrait tripler pour passer à 30.000 ha en 2015. L'une de ces variétés, le sorgho géant, qui peut atteindre quatre (4) mètres de haut, est cultivé non seulement comme fourrage vert, en ensilage (conservation du fourrage en zone humide) mais aussi en guise de brise-vent pour protéger les cultures maraîchères contre les tempêtes de sable dans le sud du pays. Le sorgho, un bon filon pour les fourrages laitiers Le développement de la filière lait en Algérie fait face à un déficit énorme en alimentation que les pouvoirs publics tentent de réduire en encourageant la culture du maïs fourrager dans le sud notamment, à travers des aides multiples. L'Office national des aliments de bétail (ONAB) garantit le rachat de la production du maïs au double du prix du produit importé, soit 4.500 DA/quintal. Néanmoins, la culture du maïs, qui est déjà grande consommatrice d'eau, est loin de répondre à la demande. "Nous avons un déficit énorme en fourrage vert. La production est très loin de satisfaire les besoins nationaux", affirme à l'APS le président du conseil interprofessionnel du lait, Mohamed Benchekour. Ce manque d'alimentation se répercute sur le rendement laitier de la vache, lequel est estimé en moyenne à 15 litres/jour, soit 4.500 litres/an contre 9.000 litres dans les pays développés, selon ce professionnel. Alors que la filière lait compte environ 966.000 vaches laitières au niveau national, l'introduction de nouvelles cultures fourragères comme le sorgho "ne peut être que positive pour la filière lait car l'alimentation est la seule solution pour sortir de la dépendance du marché de la poudre de lait", estime M. Benchekour, qui est aussi éleveur dans l'ouest du pays. Cultivé en période d'été, le sorgho hybride est appelé à se développer davantage en Algérie étant donné que ce fourrage "convient mieux aux conditions climatiques des zones arides et semi-arides", fait savoir Abdelkader Soukehal, un expert agricole qui suggère aussi de développer la luzerne afin de répondre aux besoins en alimentation du cheptel. Le sorgho est la cinquième céréale mondiale en termes de volume de production et de surfaces cultivées, après le maïs, le riz, le blé et l'orge. Les principaux pays producteurs sont les Etats-Unis, l'Argentine, le Mexique, le Nigéria et l'Inde. L'économie mondiale du sorgho englobe un secteur traditionnel où la plus grande partie de la production est destinée à l'alimentation humaine notamment en Afrique et en Asie, et un secteur moderne mécanisé à grande échelle où la récolte est réservée à l'alimentation animale.