Malgré leurs divergences sur des sujets aussi sensibles que la guerre en Syrie, les dirigeants à poigne turc et russe, qui se retrouvent aujourd'hui à Ankara, entretiennent toujours des relations étroites. Le président russe Vladimir Poutine est attendu dans la capitale turque pour discuter avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan des grands dossiers internationaux, d'énergie et de commerce à la faveur d'une réunion de la commission de coopération bilatérale. La Turquie de M. Erdogan, membre de l'Otan, et la Russie de M. Poutine ont noué des liens inédits.«Les deux camps ont des intérêts communs et ne veulent pas que le moindre conflit les gêne», estime Ilter Turan, de l'université d'Istanbul. De nombreux commentateurs ont souligné à l'envi les ressemblances de Recep Tayyip Erdogan, 60 ans, et Vladimir Poutine, 62 ans. Les deux dirigeants sont charismatiques, ambitieux et à la tête de pays issus du démantèlement d'empires du siècle dernier. Malgré des similitudes, la Turquie et la Russie défendent des positions opposées sur plusieurs dossiers «chauds» de l'heure. C'est d'abord le cas en Syrie. Alors que M. Poutine s'est opposé à l'ingérence dans les affaires internes des Etats, notamment en Syrie, M. Erdogan s'est impliqué dans le conflit syrien suscitant l'indignation en Turquie et dans d'autres pays. Les deux pays sont toutefois parvenus à «protéger avec succès» leurs intérêts communs, souligne un récent rapport du centre de réflexion Carnegie de Moscou et du Forum sur les relations internationales d'Istanbul. Et jusque-là, M. Erdogan s'est appliqué à épargner à son partenaire russe les rodomontades qu'il affectionne dès lors qu'il s'adresse aux Occidentaux. «Bien sûr, nos positions sur certains dossiers peuvent être différentes», a noté M. Poutine dans un entretien accordé à la veille de sa visite à l'agence de presse gouvernementale turque Anatolie, «mais les relations entre la Turquie et la Russie restent stables, sous le signe de la continuité et ne varient pas au gré du climat du moment». Sur le dossier syrien, l'émergence de la menace terroriste appelée par les médias occidentaux «jihadiste» a d'ailleurs vu les deux pays se rejoindre sur la nécessité de lutter contre le groupe Daech.