M. Erdogan avait toutefois prévenu la veille que son pays riposterait à toute violation de sa frontière par la Syrie, après la destruction le 22 juin d'un de ses avions de combat par la défense syrienne. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé hier que la Turquie n'a pas l'intention d'attaquer la Syrie, qui a abattu un de ses avions de combat, mais des analystes soulignent que les risques d'accrochages s'accroissent à la frontière entre les deux pays. «La Turquie, le peuple turc n'ont pas l'intention d'attaquer» la Syrie, a déclaré M. Erdogan, soulignant lors d'une cérémonie que son pays «ne montre aucune attitude hostile envers quelque pays que ce soit». Il a cependant promis de répondre «par la manière la plus forte» à toute provocation qui viserait la Turquie, sans mentionner son voisin syrien, qui partage une frontière commune de plus de 900 kilomètres. M.Erdogan avait prévenu la veille que son pays riposterait à toute violation de sa frontière par la Syrie, après la destruction le 22 juin d'un de ses avions de combat par la défense syrienne. Le F-4 Phantom turc a été abattu alors qu'il effectuait une mission d'entraînement au-dessus des eaux internationales, selon Ankara. Damas estime qu'il a violé l'espace aérien syrien. Mardi devant le Parlement à Ankara, M.Erdogan a violemment condamné le régime syrien, qualifié de «dictature cruelle», et affirmé que les règles d'engagement militaire vis-à-vis de la Syrie avaient été changées, de telle sorte que «tout élément militaire qui posera (..) un danger de sécurité à la frontière turque venant de la Syrie» sera considéré comme une cible. La presse turque a relevé le durcissement de ton du chef du gouvernement à l'égard du régime de Damas. «La Syrie est un ennemi de fait» titrait hier le quotidien Milliyet. Mais les commentateurs n'en déduisent pas pour autant que la guerre est proche. «La Turquie n'a pas l'intention de faire aboutir cette tension à une guerre, mais il est clair que la frontière est désormais un endroit où peuvent se produire des affrontements non-contrôlés, estime Sedat Laciner, du think-tank USAK d'Ankara. «La tension va monter à la frontière», prévient l'analyste Hugh Pope, de l'International Crisis Group. «Mais je ne pense pas que la Turquie ait l'intention d'envoyer des troupes en Syrie, et sa seule option est de prendre part à une initiative internationale», pour régler le problème syrien, ajoute-t-il. Lors d'une réunion mardi à Bruxelles, l'Otan, dont la Turquie est membre, a condamné l'attitude syrienne dans l'incident, sans rien dire sur une éventuelle action contre Damas. «C'est bien normal qu'Erdogan fasse une déclaration musclée après un tel incident», note Didier Billion, spécialiste de la Turquie (Institut des relations internationales et stratégiques, IRIS). «Il n'y a pas de risque de guerre, mais on n'est pas à l'abri de dérapages, voire de provocations», ajoute-t-il, soulignant que la Turquie héberge à sa frontière des rebelles syriens, dont les dirigeants de l'Armée syrienne libre (ASL). «Mais de tels incidents auraient une portée limitée», estime-t-il, la Turquie étant en relation étroite avec l'Otan et les Etats-Unis, qui n'ont pas l'intention de lancer une intervention contre la Syrie. Selon la presse turque, la Turquie a accru récemment ses équipements radio et radars et envoyé des blindés près de la frontière syrienne. Ces informations n'ont pas été confirmées de source officielle. «La Turquie est froissée, et elle se doit de montrer qu'elle prend des mesures après l'incident du F-4», ce qui ne veut pas dire qu'elle part en guerre, note le politologue Ilter Turan, de l'université Bilgi d'Istanbul. M.Erdogan a rompu avec son ancien allié Bachar Al Assad. Il souhaite aujourd'hui ouvertement la chute du régime «sanguinaire» de Damas.