Le président russe Vladimir Poutine est arrivé hier à Istanbul pour une brève visite dominée par un entretien avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan au cours duquel doit être évoqué le conflit en Syrie, qui oppose leurs deux pays. Arrivé en début d'après-midi à l'aéroport international Atatürk, le chef de l'Etat russe s'est immédiatement rendu, protégé par une imposante escorte policière, au palais de Dolmabahce, sur la rive européenne de la mégalopole turque, pour y retrouver son hôte, selon l'agence de presse Anatolie. Une centaine de manifestants y ont accueilli le maître du Kremlin pour dénoncer la politique russe contre les minorités musulmanes. Trois d'entre eux ont été interpellés par la police, selon Anatolie. Un peu plus tôt, d'autres personnes se sont rassemblées devant le consulat de Russie à Istanbul pour dénoncer le soutien de Moscou au gouvernement légal de la Syrie. Une conférence de presse de MM.Erdogan et Poutine était prévue dans l'après-midi d'hier, à l'issue d'une réunion du conseil de coopération mis en place pour renforcer les relations bilatérales. Pour son premier déplacement officiel à l'étranger depuis début octobre, M.Poutine est apparu souriant face aux caméras et aux photographes, comme pour démentir les spéculations de ces derniers jours sur son état de santé. Les autorités russes ont assuré qu'il était en parfaite possession de ses moyens. Initialement programmée en octobre puis reportée, la visite de Vladimir Poutine en Turquie intervient dans un climat de fortes tensions entre les deux pays au sujet de la guerre qui fait rage depuis vingt mois en Syrie. La Turquie a pris fait et cause pour les rebelles syriens, alors que Moscou reste dans la logique du droit international en continuant à travailler avec Damas. Le ton est monté entre la Russie et la Turquie après l'interception le 11 octobre par les forces aériennes turques d'un avion de ligne syrien reliant Moscou à Damas et soupçonné par Ankara de transporter une cargaison militaire destinée au ministère syrien de la Défense. La Russie a également exprimé son opposition au déploiement attendu en Turquie, sollicité par Ankara, de missiles sol-air Patriot de l'Otan près de la frontière avec la Syrie, estimant qu'il augmentait le risque d'un débordement du conflit. Malgré leurs divergences sur la politique internationale, les deux pays ont renforcé ces dix dernières années leur coopération dans les domaines de l'énergie et du commerce. Selon une source russe, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays doit atteindre cette année 35 milliards de dollars. Moscou est également le premier fournisseur en gaz naturel d'Ankara et doit construire la première centrale nucléaire turque dans le sud du pays, en vertu d'un accord conclu en 2010. Lors de cette visite, les deux pays doivent aussi signer une série d'accords de coopération, notamment en matière de finance. Avant de repartir pour Moscou, le président russe devrait aussi s'entretenir au téléphone avec son homologue turc Abdullah Gül.