En plus d'un demi-siècle, l'histoire européenne a souvent loué la force mentale de Liverpool. Dans ses annales, ce quart de finale de la Ligue des champions 2009 face à Chelsea figurera assurément comme l'une de ses plus belles pages. Au terme d'une rencontre au scénario renversant, les Blues ont dessiné une tendance, esquissée l'an dernier : ce sont bien eux la bête noire des Reds. La saison passée, les Londoniens avaient éliminé le club de la Mersey aux portes de la finale. Mardi soir, ils ont récidivé aux portes du dernier carré. La performance est à marquer au fer rouge. Le 29 avril et le 6 mai, Chelsea disputera sa cinquième demi-finale lors des six dernières éditions. Ce sera face au FC Barcelone, dont le jeu flamboyant fait peur à l'Europe entière. Le Barça peut se targuer d'être l'une des trois équipes à s'être imposées à Stamford Bridge depuis février 2004. Victorieuse le 26 octobre 2008, en Premier League (0-1), Liverpool a bien failli devenir la seule à y parvenir deux fois en 156 matches. Mais dans son antre, Chelsea est une forteresse imprenable. Ou presque. Dans son plan de bataille, Guus Hiddink avait prévu de canaliser la fougue des Reds en obligeant Kalou et Malouda à défendre très bas. Son 4-3-3 taillé pour le contre, articulé autour d'un milieu Essien-Ballack-Lampard avec Drogba en pointe, n'a pas résisté bien longtemps. Car même sans leur capitaine Steven Gerrard, dont les adducteurs ont eu raison de sa présence sur la pelouse, les Reds ont ressuscité «l'esprit d'Istanbul». Celui insufflé il y a quatre ans, face à l'AC Milan (3-3, 3-2 aux t.a.b.). Quatre buts dans le dernier quart d'heure A l'instar de cette finale mémorable, Liverpool s'est donc lancé dans une remontée aussi fantastique qu'improbable. Elle a pourtant pris de la consistance avant la pause, quand un coup franc malicieux de Fabio Aurelio (18e) et un penalty de Xabi Alonso (29e) ont donné deux buts d'avance aux Reds. Mais le miracle s'est vite heurté au réalisme de Chelsea. Une reprise heureuse de Drogba, bien aidé par Reina (50e), un coup de canon d'Alex (58e) et un doublé de Lampard (76e et 89e) ont refroidi les velléités d'un Liverpool toujours aussi accrocheur. Dans un final insoutenable, le quintuple champion d'Europe a jeté toutes ses forces jusqu'au bout. Il s'est redonné une lueur d'espoir lorsque Lucas (81e) et Kuyt (83e) ont fait plier une défense londonienne orpheline de Terry, suspendu. Mais les Reds n'avaient que 2% de chances de se qualifier. Et cette fois, ils n'ont pas fait mentir les statistiques.