Quelques jours seulement après l'élection présidentielle du 9 avril, qui a consacré le candidat Abdelaziz Bouteflika président de la République, dans la wilaya de Tizi Ouzou, les discussions vont bon train sur les attendus de cet événement politique majeur. La wilaya a enregistré un taux de participation jugé plus qu'appréciable, avec plus de 30% de votants sur plus de 600 000 inscrits, et ce, pour la première fois ces quinze dernières années. Cela traduit une attente mal contenue de la population locale qui veut sa part de développement. Raison qui explique que les personnes interrogées sur le sens de cette participation ont dans leur majorité évoqué d'emblée la nécessaire relance de l'économie locale à travers évidemment le lancement d'opérations «de grande envergure» non seulement pour rattraper les retards enregistrés à tous les niveaux de l'activité socioéconomique mais aussi et surtout pour que la population retrouve l'espoir. Plusieurs de nos interlocuteurs rencontrés dans les différents quartiers de la ville estiment que la wilaya de Tizi Ouzou, pour avoir vécu un désinvestissement manifeste, qui s'est traduit par l'apparition de fléaux sociaux, inconnus il y a quelques années, nécessite un véritable «Plan Marshall» ou à tout le moins un programme spécial de développement, de la même teneur et aussi important que celui décidé en sa faveur dans les années 1960-1970. Remettre la région sur les rails L'état de déliquescence dans lequel se débat depuis un certain temps Tizi Ouzou et ses agglomérations secondaires - autant que ses milliers de villages - a découragé les nombreux investisseurs et fait fuir beaucoup de ceux qui s'y étaient installés. Les efforts colossaux entrepris durant les décennies écoulées pour développer la région ont été annihilés par le manque de visibilité qui a prévalu des années durant à cause de la situation régnante. Mais les gens n'ont pas cédé à la facilité et c'est tant mieux puisque, de l'aveu de quelques entrepreneurs, les promesses électorales du président Bouteflika, si elles venaient à être concrétisées, mettraient sans aucun doute la région sur les rails du développement. Beaucoup de citoyens s'accrochent aux promesses du chef de l'Etat annoncées lors de la campagne électorale, notamment lors de sa visite historique du 27 mars. Au-delà des constats, les aspirations de la population vont dans ce sens précis. Tizi Ouzou est en effet une wilaya qui a cumulé un énorme retard en matière de développement. Complètement isolée et délaissée notamment depuis les événements de Kabylie de 2001, avec une insécurité «ambiante» qui a gagné tous les niveaux, la quasi-inexistence de projets de développement, la fuite des investisseurs, le chômage galopant, Tizi Ouzou enregistre un énorme manque à gagner. Bouteflika invité à nouveau à Tizi Ouzou Les aspirations sont telles qu'aujourd'hui tout l'espoir repose sur l'annonce d'un tel plan spécial. Des appels sont déjà faits dans ce sens par les personnalités et les associations les plus en vue de la Kabylie qui revendiquent une «réappropriation» de la région par l'Etat et la poursuite de la politique d'équilibre afin de repousser les affres du sous-développement. Le dernier appel en date est celui fait mercredi par les membres de l'ex-directoire de campagne de Bouteflika, à sa tête Ould Ali El Hadi, qui a lancé un «appel du cœur» au président de la République, l'invitant à se rendre à Tizi Ouzou pour une visite de travail et d'inspection avec dans ses «valises» ce fameux plan tant attendu et tendrement caressé par une population désorientée par la misère qui règne à travers toutes les localités de la wilaya. Tout le monde s'accorde à dire qu'il est temps d'enclencher une nouvelle dynamique de développement économique dans cette région qui n'est pas dépourvue de potentialités qu'elles soient humaines ou matérielles ou naturelles. Une telle dynamique qui sera accompagnée des moyens adéquats pour sa mise en œuvre aura naturellement des effets positifs. «Mais d'abord il faut assainir de nombreux secteurs gangrenés par des facteurs de blocage», explique un économiste, cadre dans une entreprise privée basée à Tizi Ouzou. Et c'est dans cette perspective justement que Bouteflika avait préconisé l'assainissement du foncier qui constitue un des principaux facteurs de blocage. La majorité des terrains à même d'accueillir des projets étant des propriétés privées, il insistera sur la nécessité d'actionner tous les leviers et d'accélérer les opérations d'expropriation pour utilité publique tout en garantissant une indemnisation équitable et rapide. Une telle décision, qui on le souhaite sera accompagnées d'autres, boostera sans aucun doute le parachèvement de la politique de relance économique. Mais Tizi Ouzou mérite bien un véritable plan Marshall. L'espoir est permis avec les promesses du chef de l'Etat.