Les discussions de paix réunissant les protagonistes libyens prévues mardi sous l'égide de l'ONU afin de trouver une issue à la crise dans le pays, ont été reportées, au moment où l'armée libyenne a repris aux milices islamistes la plus grande base militaire de Benghazi (est). La mission des Nations unies annoncé la veille que le prochain round des discussions interlibyennes prévu mardi dans la ville de Ghedames (sud-ouest) se tiendrait la semaine prochaine, sans toutefois préciser de date pour des raisons de sécurité. Le Représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies et chef de la Mission d'appui de l'ONU en Libye, Bernardino Leon, avait affirmé lundi dernier après avoir rencontré à Tripoli des responsables du CGN, qu'"il a été convenu de tenir la prochaine session de discussions de paix dans quelques jours en Libye". Le mois dernier, (les 26 et 27 janvier), l'ONU avait réussi à réunir à Genève une partie des factions rivales pour des discussions mais le parlement dissident, le Congrès général national (CGN), avait exigé que les pourparlers aient lieu en Libye. Selon le représentant onusien "la réunion avec le groupe de dialogue représentant le CGN a abouti à des décisions importantes, dont la reprise des pourparlers entre les partie libyennes dans un contexte important et crucial pour arrêter les combats en Libye et relancer le processus politique sur des fondations saines". "Avant le début des pourparlers, l'Onu va contacter les différents chefs militaires pour obtenir un cessez-le-feu", a précisé M. Leon, soulignant que "ce dialogue continuera d'inclure des représentants de toutes les composantes du peuple libyen et les forces sur le terrain, les tribus et les représentants des municipalités". Le porte-parole du conseil communal de Ghedames, Bachi Chehab a affirmé que les préparatifs sont achevés pour accueillir le prochain round du dialogue interlibyen. Trois sites ont été aménagés à cet effet, a précisé le responsable libyen, ajoutant que le lieu exact des réunions serait divulgué au temps opportun avec des mesures de sécurité à la hauteur de cet évènement. L'armée libyenne progresse à Benghazi Alors que les différentes parties libyennes se préparent à poursuivre le dialogue, la situation sur la terrain reste précaire avec la poursuite des violences en dépit des appels de la communauté internationale à la cessation des hostilités. La veille, l'armée libyenne a repris la plus grande base militaire de Benghazi, deuxième ville du pays, aux milices islamistes qui tiennent la ville depuis l'été, selon Wanis Boukhamada, commandant des forces spéciales. Outre cette base, qui se trouve sur une route menant à l'aéroport, les soldats libyens se seraient emparés de bâtiments voisins, appartenant à l'opérateur de téléphonie Al Madar. Soutenues par les hommes du général Khalifa Haftar, qui a déclaré la guerre aux combattants islamistes, les forces spéciales tentent depuis la mi-octobre de reprendre Benghazi. Elles s'étaient déjà emparées du centre, de l'aéroport et de plusieurs bases militaires. D'intenses combats se poursuivent autour du port, par où transitaient la majorité des importations alimentaires à destination de l'est de la Libye jusqu'à sa fermeture. Des résidants des secteurs touchés ont indiqué que l'armée avait pris le contrôle de plusieurs parties du district d'al-Leiti, considéré comme un château-fort des hommes armés. Ils ont ajouté que les troupes du gouvernement étaient visibles dans les rues du centre-ville. Les affrontements à Benghazi ont entraîné la mort de sept soldats ces derniers jours. Au total, près de 700 militaires ont été tués au cours des combats qui durent depuis quatre mois dans cette ville, selon des sources médicales. L'EU met en garde contre le risque "d'explosion" du pays Face à la poursuite des violences, la représentante de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Federica Mogherini, a mis en garde dimanche contre le risque "d'explosion" de la Libye, estimant que ce serait "extrêmement dangereux" pour l'Europe. "C'est le mix parfait prêt à exploser et s'il explose, il explosera juste aux portes de l'Europe", avait-elle déclaré lors la Conférence sur la sécurité de Munich (sud de l'Allemagne). "La combinaison d'éléments présents là-bas est extrêmement dangereuse pour nous et pour la sécurité de la région", a-t-elle souligné. La Libye est plongée dans le chaos avec deux gouvernements rivaux, l'un mis en place par une coalition de milices, Fajr Libya, qui s'est emparé de la capitale cet été, et l'autre reconnu par la communauté internationale et qui a dû s'exiler dans l'est du pays.