Pari réussi pour Kheireddine Madoui qui a placé l'ES Sétif sur le toit de l'Afrique en s'offrant un authentique et mémorable doublé : Ligue des champions et Supercoupe d'Afrique. C'est un exploit historique pour l'Entente et pour son jeune entraîneur, qui entre de plain-pied dans les annales du football africain. Madoui, qui soufflera le 27 mars prochain sa 38e bougie, vient d'écrire son nom en lettres d'or dans l'histoire de son club et dans celles du football algérien et africain. Il est le plus jeune entraîneur à remporter ce joli doublé, une performance qu'aucun autre technicien algérien n'a pu réussir jusque-là. Il est vrai que Mahieddine Khalef a réalisé le même exploit au début des années 1980 avec la JS Kabylie, mais c'était sous l'ancienne formule de la C1 africaine, en l'occurrence la défunte Coupe d'Afrique des clubs champions que l'ESS avait gagnée aussi, en 1988, alors qu'elle évoluait en seconde division. Même la finale de la Supercoupe d'Afrique opposait alors le vainqueur de la C1 africaine à celui de la Coupe d'Afrique des vainqueurs de coupe qui a disparu en 2005. Madoui n'a pas caché pas sa joie et sa fierté d'avoir mené l'Entente sur le toit de l'Afrique avec une équipe qu'il a lui-même bâtie et façonnée. L'ESS a, en effet, perdu à l'intersaison plusieurs de ses cadres et non des moindres, à savoir Karaoui, Gourmi, Nadji, Ziti, Ferrahi et autre El Ogbi. Madoui a construit une nouvelle équipe dépourvue de vedettes, mais tenace et conquérante. Sa force réside beaucoup plus dans l'esprit de groupe et la solidarité sans faille sur le terrain, deux qualités qui lui ont permis de damer le pion aux grosses cylindrées du continent, en l'occurrence l'ES Tunis, le CS Sfax, le TP Mazembe et enfin Al-Ahly du Caire. «Je suis peut-être très chanceux, mais ce qu'on vient de réussir est exceptionnel. Je suis fier de mon équipe», dira le jeune coach sétifien, qui a eu le soutien indéfectible de la direction de l'ESS, à sa tête Hassan Hamar. Contesté par une partie des fans de l'Entente, abandonné par Cheikh Rabah Saâdane, qui a quitté le navire en pleine tempête au début de l'année 2014, l'ancien défenseur central de charme de l'ESS et de l'EN a su comment résister à la pression et protéger son équipe. «Le mérite revient aussi aux joueurs qui ont adhéré à ma méthode de travail et au président Hassan Hamar, qui a cru en nous et qui était derrière nous dans les moments difficiles. On a fondé tous ensemble une vraie famille dans laquelle règne un bon état d'esprit», explique Madoui, digne héritier des regrettés Mokhtar Aribi et Abdelhamid Kermali. Madoui a réhabilité le technicien local, contesté et voué aux gémonies. «On a gagné ces deux titres africains avec un encadrement et des joueurs du cru. Il est temps de faire confiance aux compétences locales», lançait le jeune driver de la formation sétifienne. Tout le monde s'accorde, en somme, à dire qu'un futur grand entraîneur vient de naître. Bon vent !