Le nombre d'abonnés à la téléphonie fixe a considérablement diminué depuis l'évolution du marché de la téléphonie mobile en Algérie, soit depuis 2001, date marquée par l'investissement de l'opérateur égyptien Orascom Télécom en Algérie. Le nombre d'abonnés n'a effectivement pas connu de hausse notable depuis cette date, passant de deux millions d'abonnés en 2001 à trois millions et demi actuellement. Deux raisons sont à l'origine du ralentissement de l'entreprise étatique qui tenait le monopole : la première est le fait que les nombreuses demandes d'installation d'une ligne par la clientèle n'étaient pas satisfaites, ou du moins pas assez rapidement. La deuxième raison est l'avènement de la téléphonie mobile qui a créé une véritable révolution : la démocratisation à l'accès au téléphone est devenue une réalité tangible devant la facilité et la célérité avec lesquelles les gens pouvaient s'offrir une ligne téléphonique, et les multiples prestations et promotions offertes selon les besoins et les moyens du client. De ce fait, le recul de la téléphonie fixe était inévitable, beaucoup d'abonnés au fixe ayant même résilié leur contrat en raison surtout des factures trop élevées. A quelque chose malheur est bon : cette dangereuse concurrence va amener Algérie Télécom à se remettre en question pour relever le défi, profitant des réformes économiques - tombées à point nommé - introduites par le président de la République, et ayant touché principalement les secteurs de la technologie et de la télécommunication. Rapidement, les demandes en attente estimées à 549 000 allaient être ramenées à 39 000, même si des insuffisances restent à relever. La direction d'AT est en train de mettre les bouchées doubles pour atteindre les 6 millions d'abonnés à l'horizon 2013. L'enjeu, selon une récente déclaration de Benhamadi, PDG d'AT, est de taille, mais surmontable, puisque les orientations comprises dans le nouveau plan de redressement vont faire de l'opérateur historique un opérateur d'intégration de services et également un fournisseur de services à valeur ajoutée. Le premier responsable d'AT a effectivement évoqué le lancement de nouvelles offres intéressantes en direction des citoyens, visant principalement à reconquérir les anciens clients et à en gagner de nouveaux. La démocratisation à l'accès au haut débit concrétisé par la connexion de 1541 communes et les réductions de 50% du prix d'abonnement à internet ont déclenché un véritable rush en direction d'AT. Dans ce cadre, AT n'est pas loin de proposer, outre la téléphonie fixe et l'internet, la télévision à domicile. Avec ce projet du triplé et de la fibre optique, la téléphonie fixe est une réalité concrète. Le fixe peut concurrencer le mobile via les services Contacté par nos soins, Derradji Samir, directeur du réseau d'accès au niveau d'Algérie Télécom, a estimé que le boom du marché de la téléphonie mobile, en plus du fait que le téléphone est individuel, est surtout lié à l'aspect technologique, car facile à déployer via l'installation d'une antenne et sa capacité de pénétration est plus important et plus rapide. Par contre, le déploiement d'un réseau fixe demande beaucoup plus en termes d'investissement et de temps. Si le mobile est individuel, le fixe est collectif. «Les 3 millions d'abonnés du fixe, ce sont 3 millions de foyers, et si on se fie au dernier recensement, on peut dire que ce sont 15 millions d'abonnés, puisque chaque foyer regroupe au minimum 5 personnes.» Selon la même source, «ce sont deux technologies différentes, et la tendance est toujours à la hausse pour le nombre d'abonnés, même si l'entreprise nationale enregistre un chiffre important de lignes résiliées». Ce chiffre tourne autour de 300 000 lignes, dit-il, qui seront résiliées avant fin 2009. M. Derradji a estimé par ailleurs que c'est internet qui a boosté depuis deux années la demande en téléphonie fixe. Dans le détail, il a expliqué que «c'est depuis le 20 avril 2008, date de l'introduction de la réduction de 50% sur l'abonnement internet, qu'une croissance importante a été enregistrée sur la demande à internet, suscitant par-là l'engouement de la population pour la téléphonie fixe». Selon le même orateur, Algérie Télécom axe en premier lieu sur les services liés à la téléphonie fixe. D'ailleurs, un riche programme à l'horizon 2013 est déjà lancé dans le cadre du projet gouvernemental «e-2013» et qui nécessite donc une infrastructure de télécommunication très performante. L'AT compte ainsi moderniser une partie de son réseau, d'une part en raison de sa vétusté et aussi parce qu'il a été construit essentiellement et uniquement pour la téléphonie. Selon le même intervenant, «l'introduction de l'ADSL et de la data oblige une bonne qualité de service. A partir de 2009, tout un programme de modernisation du réseau de distribution et des équipements notamment est pris en charge pour offrir une meilleure qualité de service. AT compte en plus démocratiser les appels locaux dans l'objectif de «diversifier les services et les rendre plus performants». En ce qui concerne les nouveaux services à valeur ajoutée, la qualité prime, car les clients sont très exigeants en ce qui concerne la qualité du réseau. Le responsable ne manquera pas de rappeler le rôle prépondérant qu'AT a joué dans le désenclavement des zones rurales. Les 1541 communes sont actuellement connectées à internet. C'est un travail qui a demandé des moyens colossaux à l'entreprise et la mobilisation d'une équipe performante pour atteindre l'objectif tracé, qui est la généralisation d'internet. Quant au réseau sans fil (wll), M. Derradji a indiqué qu'il a été déployé de 2003 à 2006 pour désenclaver les zones rurales. Même si cela n'a pas réussi dans certaines zones, il a été conçu pour les zones rurales et suburbaines, c'est-à-dire là où il n'est pas permis de raccorder tous les abonnés sans fil. Bien développé en 2003, il a connu par la suite quelques erreurs de planification. Actuellement, une grande opération est lancée pour pallier ce manque et déployer ces réseaux là où ils doivent être. Nos 600 000 abonnés wll sont éparpillés. Le taux de pénétration est autour de 10%. Le réseau Fila et le réseau sans fil (Wifi-Wimax) vont être bientôt commercialisés, alors que d'autres réseaux sont à l'étude. Le téléphone fixe et le téléphone mobile, aujourd'hui concurrents, sont appelés à être complémentaires.