Les dirigeants de l'Olympique lyonnais ont un savoir-faire très perfectionné dans la communication qu'on ne saurait leur contester. Dimanche soir, après que son équipe ait humilié le Montpellier-Hérault sur son propre stade, sur le score de 5 buts à 1 -avec, au passage, une grande prestation de Nabil Fekir, qui a inscrit deux buts, a provoqué un penalty et a été le meilleur homme sur le terrain-, le président du club lyonnais, Jean Michel Aulas, a eu à s'exprimer sur sa «pépite». «Nabil, c'est mon Messi à moi, a-t-il déclaré à la chaîne Canal Plus. Je prends autant de plaisir de le voir jouer que le président du FC Barcelone quand il voit jouer Messi. Aujourd'hui, Nabil est à un tournant de sa vie de sportif. Bénéficiant d'une double culture, celle de la France, où il est né, et celle de l'Algérie, son pays d'origine, il se trouve confronté à choisir entre l'équipe de France et celle de l'Algérie. Il voudrait bien jouer pour les deux mais cela n'est pas possible. A l'Olympique lyonnais, nous avons choisi de le protéger mais aussi de le guider dans sa communication. Il faut se mettre à sa place. Il est face à un très grand dilemme. Comme vous le savez, il a décidé d'arrêter sa décision à la fin de ce mois de mars. Ce que je vous demande, à vous, journalistes, c'est de le laisser tranquille et d'attendre qu'il se prononce d'une manière définitive. Vous savez, nous serons avec lui quel que soit son choix. Je serai très heureux et fier pour lui quelle que soit l'équipe pour laquelle il aura décidé de jouer. Si c'est la France, tant mieux pour Deschamps qui va récupérer un joueur pétri de qualités. Si c'est l'Algérie, tant mieux pour Christian Gourcuff et pour tous les Algériens. L'équipe d'Algérie n'est pas n'importe quelle équipe. Ce qu'elle a démontré lors du dernier Mondial démontre qu'elle est devenue une grande sélection. Du reste, à l'Olympique lyonnais nous sommes fiers de voir que deux de nos joueurs, Rachid Ghezzal et Mehdi Zeffane, fassent partie de cette équipe d'Algérie. Cela ajoute à la renommée de notre club.» Ce message de Jean Michel Aulas était adressé aux journalistes mais également à toute la communauté algérienne de la ville de Lyon et de sa banlieue ainsi qu'aux Algériens d'ici qui suivaient ce soir-là Canal Plus. Le président du club lyonnais est quelqu'un de très habile dans l'art de communiquer. Il déclare que Nabil Fekir va se prononcer à la fin du mois de mars mais, en réalité, il connaît déjà la décision du joueur qui est de porter les couleurs de l'équipe de France. Quand Nabil a appelé Christian Gourcuff, vendredi dernier, ce n'était pas pour lui dire bonjour, mais bien pour lui faire part de son désir de jouer pour l'équipe d'Algérie. Sinon, pourquoi Gourcuff se serait-il précipité de donner la liste des joueurs sélectionnés pour la tournée au Qatar le même jour, avec le nom de Fekir ? Mais une fois que l'information a été dévoilée à partir d'Alger, les manœuvres lyonnaises ont débuté. Il fallait, à tout prix, trouver le moyen de faire revenir le joueur sur son choix et là, les méthodes pour y parvenir ne manquent pas. Fekir est jeune (à peine 21 ans) et n'a pas encore percé dans le milieu des grands footballeurs. Appartenant à l'Olympique lyonnais, le club où il a été formé (il faut tenir compte des avis de tous ses formateurs), il lui est difficile d'aller à l'encontre des vœux de ses dirigeants. Le président de la FAF, Mohamed Raouraoua ne s'est, certainement, pas trompé en indiquant que l'OL «est pour beaucoup dans la volte-face du joueur». Il n'y a pas qu'Aulas qui sait dribbler les gens, comme de faire croire qu'il n'était au courant de rien. Interrogé hier matin par Radio Monte Carlo, le conseiller du président du club lyonnais, Bernard Lacombe, a confirmé le choix du joueur. «Nabil m'a appelé et m'a dit : ‘J'ai changé d'avis. Je reste pour l'équipe de France'. On a discuté un peu. C'est son choix. On n'a rien fait pour le pousser. Il était bien. Il a eu quelques jours compliqués avec tout ce qui s'est passé autour de lui. C'est la vie du football qui est comme ça.» Jeudi dernier, après l'assemblée générale de la FAF, Mohamed Raouraoua, qui avait demandé à ne pas trop donner d'importance à cette affaire, a déclaré : «Fekir est libre de choisir la sélection pour laquelle il veut jouer. Si c'est la nôtre, il sera le bienvenu, mais nous avons besoin de joueurs engagés. Si c'est l'équipe de France, grand bien lui fasse. Je lui dirais bonne chance.»