Charismatique entraîneur du Borussia Dortmund, Jürgen Klopp connaît sa saison la plus difficile avec l'équipe de la Ruhr qui a touché le fond début février avant d'amorcer un redressement encore précaire. Avec un précieux but inscrit à l'aller à Turin (2-1), le coach peut espérer mercredi face à la Juventus (20h45) une qualification pour les quarts de finale de la Ligue des champions, qui confirmerait le récent retour de flamme des jaune et noir. Début février, tout semblait pourtant perdu pour le bouillonnant Klopp. Le 4, Dortmund enregistrait sa quatrième défaite à domicile en championnat contre Augsbourg, pourtant réduit à dix. Le lendemain, en conférence de presse, les questions fusent sur son départ éventuel d'un club dont il a pris les rênes en 2008. "J'exclus de démissionner", réplique Klopp. Son équipe est alors lanterne rouge et semble filer tout droit vers une relégation qu'elle n'a plus connue depuis 1972. Tout le football allemand se demande si l'entraîneur avec qui le Borussia Dortmund (BVB) a été champion en 2011 et 2012 et vice-champion les deux années suivantes, n'a pas tout simplement perdu sa vista et son talent. Le bilan de la phase aller de Bundesliga est le pire dans l'histoire du club: 10 défaites en 17 matches, 15 points, soit 30 de moins que le Bayern Munich, leader dont il s'était plu à contester l'hégémonie au cours des années précédentes. Mais Klopp a tenu bon et aujourd'hui, certains, comme le magazine Stern, battent leur coulpe pour l'avoir accablé. "Désolé, Jürgen, je t'ai enterré trop tôt", a reconnu le chroniqueur sportif de l'hebdomadaire. Le journaliste déclare que si Klopp aurait depuis longtemps mérité d'être nommé pour l'Oscar du meilleur acteur par son jeu de scène très expressif le long de la touche, c'est dans la catégorie du meilleur réalisateur qu'il devrait concourir cette année car "il a produit jusqu'à maintenant le drame le plus palpitant de cette saison" de Bundesliga. Derby victorieux Depuis le match d'Augsbourg, un BVB revenu des tréfonds a en effet enchaîné quatre succès probants en championnat, alors qu'il n'avait plus été capable d'aligner deux victoires depuis le 13 septembre: 3-0 contre Fribourg, 4-2 face à Mayence, 3-2 à Stuttgart pour finir par un succès éclatant dans le derby de la Ruhr face au rival Schalke (3-0). Le club doit cette spirale positive au retour en forme de ses attaquants, notamment les internationaux gabonais Pierre-Emerick Aubameyang -- ex-Stéphanois -- et allemand Marco Reus qui, très convoité, a finalement prolongé le 9 février son contrat avec le club de sa ville natale. A eux deux, ils ont inscrit neuf des treize derniers buts du club en Championnat. Depuis le début de la phase retour, le Borussia présente de nouveau des statistiques plus conformes à son statut. De quoi pousser Klopp à remercier ses dirigeants d'avoir fait le dos rond pendant plusieurs semaines. "Aki Watzke (patron du club) et Michael Zorc (manager) ont clairement su prendre leurs responsabilités dans les moments difficiles", a-t-il salué dans le journal Bild, ajoutant: "C'est super de voir que la confiance, le calme et la patience ont des effets positifs". Certes, mais le renouveau semble encore fragile. En Coupe d'Allemagne début mars, malgré la victoire (2-0), les hommes de Klopp se sont montrés fébriles face à Dresde, modeste club de 3e division. En Bundesliga, après l'embellie, ils viennent d'enchaîner deux matches nuls et vierges, face à Hambourg puis Cologne. Dortmund pointe aujourd'hui à la 10e place en Championnat, toujours plus près du premier relégable que des places européennes (7 points contre 8). In fine, le scénario n'est pas encore écrit pour Klopp et c'est justement sur la scène européenne que pourrait se produire le prochain rebondissement de cette saison. En se qualifiant mercredi face à la Juve, leader du Calcio, le coach des Borussen pourrait signer un chapître de plus vers un "happy end".