Les études techniques et juridiques pour la transformation de Serkadji, une prison de haute sécurité durant la période coloniale, en musée sont "actuellement en cours", a indiqué jeudi à Alger le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh. Lors d'une visite effectuée dans l'établissement pénitentiaire Serkadji à l'occasion de la commémoration du 19 mars -date du cessez-le-feu entre l'armée française et l'Aln (Armée de libération nationale, 1954-1962)- le ministre de la Justice a ajouté qu'une commission intersectorielle avait été chargée des études pour la reconversion des lieux "en adéquation avec le plan de mise en valeur du secteur sauvegardé de la Casbah d'Alger". Fermée puis classée site historique au lendemain de l'indépendance la prison a été rouverte en 1965, avant d'être à nouveau fermée récemment, selon le ministre: "tous les détenus ont été transférés en novembre 2014", a-t-il affirmé. Les résultats de ces études définiront la tutelle du futur musée ainsi que les délais nécessaires à la réhabilitation des lieux, avant son ouverture au public, a dit, sans autre précision, le ministre qui était accompagné de de sa collègue de la Culture, Nadia Labidi, et du Wali d'Alger, Abdelkader Zoukh. Les ministres ont déposé une gerbe de fleurs devant la stèle à la mémoire des martyrs exécutés dans cette prison, avant d'effectuer une visite de l'établissement et des cellules où étaient incarcérés Ahmed Zabana et de Moufdi Zakaria. Symbole de la répression coloniale, l'établissement pénitentiaire de Serkadji avait été construit en 1856 sur une ancienne fortification datant de l'époque ottomane sur les hauteurs de la Casbah d'Alger, et baptisé de "Prison de Barberousse". Prison de haute sécurité, l'établissement de sinistre mémoire a vu défiler dans ses geôles des milliers de militants politiques de la cause nationale longtemps avant le déclenchement de la guerre de libération, en 1954. Pendant la guerre de libération révolution, elle est devenue tristement célèbre par les 58 exécutions, dont 48 à la guillotine, qui y ont eu lieu dont celle de Ahmed Zabana, premier guillotiné le 19 juin 1956 ou celle de Fernand Iveton, seul militant algérien de la cause algérienne d'origine européenne à avoir été exécuté (13 février 1957). Outre Ahmed Zabana et de Moufdi Zakaria, des figures emblématiques du mouvement national ont été emprisonnés dans cet établissement, parmi elles Abderrahmane Taleb, Abane Ramdane, Henri Alleg, Annie Steiner, Zohra Drif, Djamila Bouhired, Djamila Boupacha, Rabah Bitat, Benyoucef Benkhedda.