La deuxième chambre correctionnelle près la cour de Boumerdès a poursuivi jeudi l'interrogatoire du colonel Chouaib Oultache, ex-chef de l'unité aérienne de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), accusé avec 24 autres prévenus de «dilapidation de deniers publics». Le colonel Chouaib Oultache a affirmé que la décision de sa condamnation «a été signée à l'avance», ajoutant qu'il était «prêt à la confrontation». Oultache, ex-chef de l'unité aérienne à la DGSN, a également demandé, lors de son audition, «l'annulation de toutes les poursuites retenues contre les autres prévenus dans cette affaire» qui sont, selon lui, «tous innocents et sont des cadres supérieurs ayant de grandes compétences au sein du corps de la sûreté nationale». «Ce sont des cadres qui ont consenti des sacrifices et rendu de loyaux services à leur pays dans le cadre du projet de modernisation du corps de la sûreté nationale» dont il avait la charge à travers la commission technique dont ils étaient membres, a-t-il affirmé. En réponse à cette intervention, le président de l'audience, le juge Mohamed Kouadria, a rassuré que le «jugement final dans cette affaire n'a pas encore été prononcé et qu'un «verdict juste sera prononcé à l'encontre de tous les accusés, après achèvement des procédures de jugement en cours», soutenant, en outre, que l'«objectif de ce procès est de seulement révéler la vérité à l'opinion publique». Pour leur part, les autres accusés ont attesté, durant leur audience, que la commission technique en question, dont les membres sont suspectés d'infraction à la loi inhérente aux marchés publics, «n'a jamais fait l'objet de poursuites judiciaires depuis l'entame de sa mission et la désignation de ses membres». D'autres prévenus ont expliqué, à propos de la création de cette commission, qu'il s'agit d'un groupe de travail multidisciplinaire de la DGSN qui a été chargé «sans décision officielle écrite» de réfléchir et de prospecter sur ce qui est de vigueur à travers le monde dans le cadre de la modernisation du corps de la sûreté nationale, puis de faire des propositions et recommandations en la matière, pour les soumettre à la direction générale de la sûreté nationale. Tous les membres de cette commission, dont Boubekeur Abdelhalim, ont «nié avoir été au courant du lien de parenté entre l'accusé Satour Toufik, directeur général-adjoint d'ABM, qui a remporté les deux marchés de la DGSN, et le président de la commission, Oultache Chouaib», tout en réfutant avoir fait l'objet de «pressions» de la part de ce dernier (Oultache) pour privilégier son gendre. Durant l'audience de mercredi, sept parmi les autres prévenus poursuivis dans cette affaire pour «passation de marchés publics en violation de la législation», «dilapidation de deniers publics», «trafic d'influence», «faux et usage de faux», «implication dans la dilapidation et négligence manifeste ayant mené à déperdition de fonds publics», ont été auditionnés par le juge. A noter que 21 cadres de la DGSN sont impliqués dans cette affaire de malversations et ont été condamnés auparavant à des peines allant de 5 à 18 ans de prison ferme tandis que 4 autres mis en cause ont été acquittés. Selon l'acte de renvoi du tribunal, cette affaire qui remonte à 2007 concerne un marché douteux pour l'acquisition de matériel informatique signé entre la DGSN et la société Algerian Business Multimedia (ABM), révélé au grand jour après l'assassinat, le 25 février 2010, du directeur général de la sûreté nationale, Ali Tounsi, par le colonel Oultache.