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Ali Haddad : «Il ne peut y avoir d'entreprises efficaces et développées sans l'université» Rencontre sur le «partenariat entreprise-recherche scientifique» initiée par le FCE
La relation entre le monde de l'entreprise et le monde scientifique est déterminante pour la poursuite du développement économique et social de l'Algérie. Mais cette relation est presque inexistante, ont déploré à Alger des chercheurs et des chefs d'entreprise qui ont participé à une rencontre organisée, hier, par le Forum des chefs d'entreprise (FCE) sous le thème «Pour un partenariat entreprise-recherche au service du progrès technologique et de l'innovation». Lors de son intervention, le président du forum, Ali Haddad, a relevé que «l'expérience de notre université comme celle de l'entreprise, depuis 50 ans, n'ont permis ni l'émergence d'une entreprise compétitive ni celle d'un système d'enseignement et de recherche efficient». Il a plaidé pour «opérer de profondes révisions dans notre manière d'organiser les rapports des entreprises et toutes les institutions d'éducation, de formation et de recherche, et dans la manière d'asseoir les passerelles entre l'entreprise et le système de recherche, notamment dans le segment recherche appliquée». Le président du FCE n'a pas manqué de relever que l'investissement dans la ressource humaine signifie qu'«il faut consacrer davantage de ressources et moyens aux étudiants, aux enseignants, aux écoles de métiers, aux universités, à la recherche, à l'innovation, à la compétitivité des entreprises». Ali Haddad a souligné que «tous les gouvernements dans le monde subventionnent leurs entreprises et consacrent des budgets considérables pour soutenir la recherche, développer les compétences, former une main-d'œuvre qualifiée, développer l'esprit d'entreprise, attirer les meilleurs chercheurs, scientifiques et managers, créer des pôles d'excellence, faciliter la création d'entreprises». Il appelle au «bon sens des responsables qui peuvent aider l'entreprise algérienne à se développer, en cette période de crise». Le FCE, poursuit-il, veut créer «des liens entre l'université et le monde du travail, car il ne peut pas y avoir d'entreprises efficaces et développées sans l'université, qui est l'axe, le centre de développement et l'extension de l'entreprise». Des milliers de diplômés au chômage M. Haddad regrette que des milliers de diplômés universitaires et des doctorants soient livrés au chômage. «C'est un drame», a-t-il déploré, citant le cas des Etats-Unis où deux tiers des diplômés (doctorants et ingénieurs) activent dans des entreprises industrielles. Il a plaidé, à cette occasion, pour l'ouverture de l'université à l'investissement privé, en créant des écoles spécialisées dans les domaines qui ne sont pas enseignés à l'université. Selon Hafid Aourag, directeur général de la recherche scientifique et du développement technologique au ministère de l'Enseignement supérieur, «la recherche est à l'état embryonnaire dans les entreprises algériennes, qu'elles soient publiques ou privées, en dehors des grandes entreprises comme Sonatrach, Saidal, Sonelgaz…». Il a souligné que la collaboration université-industrie est un élément essentiel de la stratégie de modernisation du tissu industriel en Algérie. Cependant, le nombre de chercheurs en Algérie est faible et ne dépasse pas 30 000 dont 2588 chercheurs permanents. Pour avoir une intégration recherche-industrie, Aourag a préconisé l'intégration de la recherche scientifique dans l'entreprise qui requiert un travail en profondeur associant toutes les parties concernées. Outre la réhabilitation de «la fonction recherche au sein de ces entreprises en vue d'améliorer les capacités nationales de maîtrise, d'adaptation et de reproduction des technologies importées», il a recommandé l'institution d'«un espace de dialogue et de concertation entre le secteur de la recherche et celui des entreprises». Il a proposé également de «rentabiliser l'investissement consenti par l'Etat en transformant le produit de la recherche en un produit commercialisable, d'appuyer et accompagner les entreprises dans leurs activités de recherche et développement, de fournir un espace incubateur pour les PME/PMI à orientation technologique». Un fonds pour le financement des entreprises innovantes Aourag a recommandé aussi «l'adoption du projet de décret exécutif fixant les conditions de rémunération du chercheur à temps partiel au niveau des entreprises publiques, l'adoption du projet de décret fixant les conditions dans lesquelles les administrations publiques peuvent faire appel aux consultants en vue de réaliser des travaux d'expertise, d'étude (projet de décret prévu par le statut général de la Fonction publique)». La mise en place des bourses recherche-industrie encourageant les chercheurs à mener des activités de recherche en entreprise et la création d'un fonds pour le financement des entreprises innovantes, des incubateurs et des start-up, sont aussi proposées par le même responsable. La création d'un Fonds d'appui à l'innovation dans les entreprises et au transfert technologique et la mise en œuvre de mesures incitatives et d'encouragements au profit des entreprises sont également recommandées. De son côté, Abdelkader Touzi, conseiller chargé des relations avec les centres de recherche au groupe Condor, a noté que «la recherche scientifique permet d'améliorer les capacités de résolution des problèmes que rencontre l'entreprise économique algérienne». L'expérience de Condor, spécialisée dans la fabrication des produits électroniques et électroménagers sur le plan université-entreprise, est intéressante car elle a «toujours été en contact avec la communauté scientifique et particulièrement les chercheurs afin de répondre concrètement à leurs attentes et de leur donner l'opportunité de développer des projets conjoints, générateurs de plus value dans les processus de production». La recherche permet de «propulser l'entreprise dans une nouvelle dynamique de croissance, créatrice de richesse et d'emplois, et de lui ouvrir de nouveaux créneaux d'investissements afin de relever les défis technologiques auxquels elle est confrontée», a-t-il expliqué devant un panel de scientifiques, chercheurs, universitaires et chefs d'entreprise. Touzi estimera que «le transfert de connaissances des compétences scientifiques nationales vers le secteur industriel vont donner aux entreprises les armes nécessaires pour gagner la bataille mondiale de l'innovation et du développement technologique».