En réponse aux divergences observées autour de la nuit du doute, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a annoncé hier que, contrairement aux périodes précédentes, l'Algérie n'entend désormais plus s'aligner aveuglément sur les pays orientaux, habitués à fixer, seuls, le commencement du mois sacré de Ramadhan. «Nous sommes carrément dans la référence prophéticale et les données scientifiques du Centre de recherche en astronomie astrophysique et géophysique (Craag)», a-t-il répliqué lors de son intervention sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. «Cette année, il y a eu une divergence entre l'Algérie, entre autres, et le monde oriental. Ce dernier considérait qu'aujourd'hui (hier mardi, Ndlr) est le 29e jour du mois de chaâbane. Donc pour eux, c'est cette nuit qui est la nuit du doute. Nous savons par la donne scientifique que le croissant qui va naître réellement par la conjonction à 15h 06 heure algérienne n'est visible ni à l'œil nu ni par télescope, aussi moderne soit-il. Pour cela, les Orientaux vont continuer Chaâbane 30 jours et, par conséquent, le 1er jour du Ramadan sera jeudi 18 juin», explique-t-il. En ce qui concerne notre pays, le ministre a affirmé que «la donne scientifique nous conforte». «Pour nous, en Algérie, nous attendons demain (aujourd'hui, mercredi Ndlr), car la possibilité de voir le croissant lunaire est très forte. Si les Algériens le guettent, ils peuvent le voir à l'œil nu, et c'est confirmé par les données avancées par le Craag», déclare-t-il en soulignant la forte probabilité que le 1er jour du mois sacré de Ramadan soit ce jeudi 18 juin. Par ailleurs, le ministre a argumenté que «la tradition du Prophète nous invite à guetter la naissance du croissant lunaire et nous le faisons physiquement à l'œil nu, mais aussi par des télescopes. Cela est autorisé juridiquement et aussi dans la religion. Mais nous conjuguons cela avec la donne scientifique. Quand cette dernière atteste qu'il est impossible de voir la naissance du croissant lunaire, on se réfère sur ça et on ne statue pas sur la naissance et le commencement du jeûne». Amené à s'exprimer sur le phénomène du gaspillage observé lors du déroulement de cet évènement et s'en prenant aux comportements «effrénés» de consommation boulimique qu'il entraîne chaque fois, M. Mohamed Aissa appelle les ménages à faire preuve de modération et, en même temps, de solidarité envers les démunis, «moins dotés». Des excès de violence dont font preuve des factions extrémistes en matière de religion, le ministre appelle à la «modération et au juste milieu dans l'exercice de l'Islam tel qu'il a toujours été prôné par nos aïeux», mettant en garde ceux qui tentent de se mettre en opposition à la gestion par l'Algérie de la «chose religieuse». Durant l'émission, il a annoncé la création d'un observatoire de veille contre le prosélytisme religieux, les «dérives sectaires et le terrorisme», s'en prenant à des «cheikhs autoproclamés et à des prédicateurs non formés» qui tentent d'introduire dans le pays un courant religieux étranger à «nos valeurs malékites et ibadites». Plus explicite, il observe que le wahhabisme est bénéfique «pour le peuple au sein duquel il est né, et non pas dans notre sphère».